Les sorcières de Salem – Arthur Miller

« C’est un vent de folie qui passe sur le pays. George a également parlé d’Abigaïl et il parlait d’elle comme d’une sainte. Il paraît qu’elle amène les autres jeunes filles au Tribunal et que la foule s’écarte avec dévotion pour la laisser passer. Et les suspects sont conduits devant elle et si à leur vue cette fille se met à hurler ou à se rouler par terre, ces gens sont mis en prison et accusés de l’avoir ensorcelée »

Les histoires qui disent l’Histoire sont à l’honneur ce mois-ci pour le retour aux classiques impulsé chaque mois par Moka et Fanny. Ici, un pan de l’Histoire qui remonte à la fin du dix-septième siècle, alors qu’une chasse aux sorcières sévit aux abords de Salem dans le Massachussets. En 1692, 22 personnes seront exécutées pour soupçon de sorcellerie, pratique faisant un peu désordre dans une société au puritanisme un brin chatouilleux.

Tout commence avec la fille et la nièce du Révérend Parris, qui présentent d’étranges symptômes, convulsions, contorsions, langage inconnu, cocktail explosif faisant craindre des pratiques douteuses dans le village. Et comme elles ont été justement trouvées à danser nues dans la forêt, la suspicion de sorcellerie trace son chemin, sans compter la détermination de Abigail à confirmer cette hypothèse, accusant à tour de bras, plus de cinquante personnes tout de même, dont une vingtaine finiront au bout d’une corde.

Les chasses aux sorcières ont sévi à plusieurs moment dans l’Histoire, avec conjugaison de plusieurs événements, dires, conduisant à un tragique fouillis judiciaire et des condamnations sans retour avec une légèreté qui fait froid dans le dos. Au final, les procès ne sont ni plus ni moins que des vengeances collectives exacerbées par des croyances et superstitions prétextes à s’ériger en juge suprême.

En 1952 Arthur Miller s’empare de l’épisode de Salem pour une pièce de théâtre qui sera adaptée à plusieurs reprises. Il transforme un peu la réalité, vieillissant notamment Abigail qui n’avait que onze dans les faits et qui se retrouve 5-6 ans plus âgée et soit disant maîtresse d’un fermier… A-t-il voulu un peu épicer le truc ou a-t-il sincèrement cru à cette possibilité ? Toujours est-il que l’esprit des procès de sorcellerie est bel et bien là, on se prend de passion et de terreur pour ces personnages plongés dans une histoire qui les as clairement dépassés.

Par ce biais, Miller se fait l’écho du Maccarthysme qui fait fureur à l’époque en Amérique, avec cette « Peur rouge » justement qualifiée de Chasse aux sorcières, ou comment un groupe ou plus largement une société peut en stigmatiser un autre et déployer des ressources fanatiques sans limites. Le concept résonne toujours malheureusement…

J’ai pas mal lu sur le sujet il y a quelques années et replonger dans tout cela sous l’angle du théâtre a ravivé mes passions. Si vous avez des recommandations au passage, je suis preneuse !

« Mes enfants, nous sommes ici dans un tribunal pour appliquer la loi sans faiblesse, car la loi est fondée sur la Bible, et la Bible, écrite par Dieu lui-même, interdit la pratique de la sorcellerie, que nous avons le devoir de punir de mort. D’autre part, la loi et la Bible damnent tous les menteurs, tous les porteurs de faux-témoignages. Naturellement, il ne m’échappe pas que le but de cette déposition pourrait être de nous aveugler, ni que Mary Waren ait pu se laisser séduire par Satan qui nous l’enverrait pour troubler notre entreprise sacrée. S’il en est ainsi, elle mérite la corde. Mais, si elle a dit vrai, je vous adjure de cesser votre mensonges et de confesser votre but. Abigail Williams, levez-vous. »

Les sorcières de Salem
Arthur Miller
traduction de Marcel Aymé
Robert Laffont
1959
Parution initiale 1952

Une pièce déjà croisée pour ce retour aux classiques chez Moka.

Retrouvez les autres rdv historiques par ici.
Prochain rdv fin décembre autour des romans policiers…

Si vous souhaitez en savoir plus, voire même rejoindre (régulièrement ou ponctuellement) l’équipée, c’est par là.

5 commentaires sur “Les sorcières de Salem – Arthur Miller”

  1. Je ne retrouve plus le titre mais j’avais lu une nouvelle de Nathaniel Hawthorne sur le sujet (il est né à Salem). Son aïeul était impliqué dans un célèbre procès de sorcières. J’ai déjà lu Arthur Miller et j’en garde un bon souvenir, j’aimerais prendre le temps de me pencher sur cette pièce plus connue.

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