Malaterre – Pierre-Henry Gomont (Dargaud)

Un domaine familial en pleine forêt équatoriale, voilà de quoi faire bomber le torse de Gabriel Lesaffre, qui pourra ainsi intégrer le monde des affaires, redonner sa splendeur à la famille, assurer sa succession. Sauf que Gabriel n’est pas un homme des bois et que ses modes de gestions laissent sérieusement à désirer. Il est de ces hommes sympathiques au premier abord, au charisme étincelant qui rend tout réalisable, mais qui brûlent la chandelle par les deux bouts. Si ces qualités de négociateurs sont indéniables, elles ne suffisent pas à faire tourner une scierie, d’autant que ses choix sont impulsifs, son tempérament égoïste et volcanique, et ses ambitions plantées par l’arrogance et la bouteille. Gabriel s’entête et risque tout, il s’affranchit, revendique, sans cesse, ne remettant jamais en cause sa capacité à déplacer des montagnes, même lorsqu’il en érige d’autres, et qu’importe ceux qui restent sur le carreau.

Le récit commence par la chute, la fin, l’aboutissement d’années de dégringolade, que nous remontons progressivement. Le rachat du domaine, sa rencontre avec Claudia, la récupération des enfants et leur installation bancale en Afrique, le revers de médaille. Malaterre est de ces albums qui vous happent immédiatement, vous subjuguent, tant par la beauté des planches que par la justesse du ton. C’est un récit fascinant, prenant, un drame à la fois familial et personnel.

Pierre-Henry Gomont évoque beaucoup de choses en filigrane, les relations familiales, la succession dans tout ce qu’elle symbolise. Il décrit un personnage entier, manipulateur et jusqu’au-boutiste, mais qui reste non moins attachant. Car c’est aussi ça cet album, des personnages tout en ambivalences et ambiguïtés.

Encore une fois, le graphisme est époustouflant, avec de nombreux ombrages qui accentuent les mouvements, les sentiments, les expressions, les postures. Et ces planches de jungle, ces couleurs, ces teintes… que dire à part, foncez-y.

Gros coup de cœur pour cet album splendide et subjuguant, vous l’aurez compris. Une très belle découverte de cette rentrée et l’occasion pour moi de découvrir Pierre-Henry Gomont, que je ne vais assurément plus lâcher d’une semelle…

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Malaterre
Pierre-Henry Gomont
Dargaud
2018
192 pages


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20 commentaires sur “Malaterre – Pierre-Henry Gomont (Dargaud)”

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