Doppler – Erlend Loe

Andreas Doppler, père de famille norvégien bien sous tout rapport, voit sa vision des choses de la vie changer après le décès de son père et une chute de vélo. Les rapports humains ne l’intéressent plus, ils ont même tendance à l’agacer sévèrement. Il décide alors de tout plaquer pour aller vivre dans la forêt. Une nouvelle vie commence pour lui, avec pour seul compagnon un jeune élan très collant. Il aura tout de même un peu de mal à se tenir durablement à l’écart de la société qu’il rejette, et sera bientôt rejoint par d’autres personnages en quête d’air pur et de réflexion intense, à son grand dam. Lorsque sa femme lui annonce l’attente d’un troisième enfant, il ne va pas franchement sauter de joie.

 

Ce roman bascule très vite dans l’absurde. Les auteurs nordiques sont assez doués pour ça. D’autres aussi d’ailleurs, l’absurde est à la mode. Avec ce roman, on pense très vite à Arto Paasilinna, en plus moderne. On trouve cependant quelques redites, et les idées ne sont pas toutes très originales ce qui gâche un peu la surprise. L’installation dans la forêt fait beaucoup penser à La forêt des renards pendus par exemple… Mais Erlend Loe, malgré ses inspirations, s’en sort bien et nous livre une bonne comédie caustique, à suivre ensuite dans Volvo Trucks

« J’ai besoin de lait. De lait demi-écrémé. Je fonctionne mal quand je n’ai pas ma ration de lait. Je deviens irritable, irascible. Et je sais pertinemment que je dois me mêler à la populace si je désire me procurer du lait. Voilà pourquoi je ne m’y résous qu’avec répulsion. Pourtant, du lait, il m’en faut. Aussi m’arrive-t-il, comme le commun des mortels, de descendre au stade d’Ullevaal. Jadis, je hantais ces lieux avec une fréquence plus soutenue, pour ne pas dire quotidienne. Or, depuis que je…voyons… quels termes employer ? depuis que j’ai emménagé dans la forêt, puisque c’est bien cela que je fais : j’habite de facto dans la forêt ; depuis lors, donc, je ne m’y rends que de plus en plus rarement. Une des raisons est que je n’ai pas d’argent. Une autre est que je ne souhaite pas rencontrer les gens. Ils me dégoûtent, me répugnent. Plus ça va, plus ils me débectent. Et pourtant il me faut du lait. Mon père en buvait aussi, du lait. Mais il est mort. »
Doppler / de Erlend Loe. publié chez Gaïa en 2006, chez 10-18 en 2009
Doppler

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