20 bonnes excuses pour siroter peinard sous le plaid

Avec un vin chaud

Indian Creek : un hiver au coeur des Rocheuses / Pete Fromm. Gallmeister

 Le garde commença à parler de bois à brûler. Je hochais la tête sans arrêt, comme si j’avais abattu des forêts entières avant de le rencontrer. – Il te faudra sans doute sept cordes de bois, m’expliqua-t-il. Fais attention à ça. Tu dois t’en constituer toute une réserve avant que la neige n’immobilise ton camion. J Je ne voulais pas poser cette question, mais comme cela semblait important, je me lançai : – Heu… C’est quoi, une corde de bois ? Ainsi débute le long hiver que Pete Fromm s’apprête à vivre seul au coeur des montagnes Rocheuses, et dont il nous livre ici un témoignage drôle et sincère, véritable hymne aux grands espaces sauvages.

traduit de l’anglais

Sur les ossements des morts / Olga Tokarczuk. Libretto

 Janina Doucheyko vit seule dans un petit hameau au coeur des Sudètes. Ingénieure à la retraite, elle se passionne pour la nature, l’astrologie et l’oeuvre du poète et peintre William Blake. Un matin, elle retrouve un voisin mort dans sa cuisine, étouffé par un petit os. C’est le début d’une série de crimes mystérieux sur les lieux desquels on retrouve des traces animales. La police mène l’enquête. Les victimes avaient toutes pour point commun une passion dévorante pour la chasse…

traduit du polonais

Un thé épicé

Les veillées du hameau près de Dikanka / Nikolaï Gogol

Ces nouvelles peuvent apparaître comme les gammes de l’artiste, avant les chefs d’œuvre qui viendront ensuite – « Le Révizor » et « Les Âmes mortes ». Un thème semble unifier une majorité de ces textes : les superstitions du peuple ukrainien. Mais les tonalités sont très diverses : comédie burlesque pour « La Foire de Sorochinietz », « La Nuit de Noël », « Le Terrain ensorcelé » – histoire un peu rêveuse de revenants pour « La Nuit de mai » – scènes d’horreur dans « La Lettre perdue », « L’effroyable vengeance ». Le tout sous-tendu par le combat du bien et du mal, au milieu des sorciers, sorcières et diables, sans oublier une pincée d’ironie. « Ivan Fedorovitch Schonka et sa tante » échappe à cette atmosphère surnaturelle et pourrait annoncer certaines histoires douces-amères de Tchékhov. Ces nouvelles sont l’occasion d’un voyage dans les différentes couches de la société ukrainienne : Cosaques (Zaporogues ou autres), paysans, commerçants, Tziganes, Polonais, Tartares, petite noblesse…

traduit du russe

téléchargeable librement ici

Le chien noir / Lucie Baratte. éditions du Typhon

Il était une fois un conte obscurci, englouti par un océan de ténèbres, qui gisait tout au fond du foyer des histoires, étouffé en secret sous le gris de la cendre. Dans un pays lointain, la jeune Eugénie est mariée de force au mystérieux Roi Barbiche par son père. Commence alors pour elle un voyage aux confins du monde, qui l’entraînera dans un château rempli de noirceur. Pensé à la fois comme une relecture de Barbe Bleue, une réponse littéraire aux contes des Précieuses du XVIIIe siècle et aux romans magiques d’Angela Carter, Le chien noir s’inscrit dans une histoire féminine de la littérature. Celle d’Anaïs Nin, de Mary Webb, en passant par les soeurs Brontë ; des autrices qui refusent l’ordre établi et le bousculent par l’expression d’un désir éclatant. La mise en lumière de l’étrangeté personnelle devient ainsi une arme d’émancipation.

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Une tisane d’hiver

Le vieux jardin / Sok-yong Hwang. Zulma

Libéré après dix-huit ans de prison, l’opposant politique O Hyônu apprend que Han Yunhi, la femme qu’il a aimée, est morte. Elle lui a laissé des lettres, son journal, des carnets et des dessins. Désemparé, perdu dans une Corée qui a considérablement changé, O Hyônu se remémore ses années d’utopie et de lutte clandestine, sa rencontre avec Han Yunhi, leurs quelques mois d’idylle hors du temps, puis les nuits d’enfermement. Surtout, il se plonge, passionnément, dans le journal que Han Yunhi a écrit pour lui durant son abscence, revivant l’itinéraire de la jeune artiste peintre des années 1970 à 1990, son implication dans un réseau de résistants, son séjour en Allemagne, la chute du mur de Berlin… Pour Hwang Sok-yong, ce roman à caractère fortement autobiographique est d’abord « le portrait d’une génération qui a voulu réaliser le rêve d’une vie meilleure », mais c’est aussi un magnifique portrait de femme, une oeuvre magistrale.

traduit du coréen

A rebours / Joris-Karl Huysmans

 A rebours (1884) exauce les promesses de son titre. Entremêlant au récit d’une rupture avec le monde réel des contes, des poèmes en prose, des considérations intempestives, des pages d’histoire ou de critique, il constitue un remarquable exemple d' »antiroman ». En même temps qu’il expose les thèses de la décadence, il s’engage dans les voies de l’expérimentation et ausculte la vie intérieure, ce qui ne l’empêche pas d’exploiter tous les filons du comique, de la grosse blague à l’humour noir.

téléchargeable librement ici

Un Irish coffee

Par les rafales / Valentine Imhof. éditions du Rouergue

 On laisse toujours quelque chose derrière soi. Au moment où Alex s’apprête à tuer un homme, pour la troisième fois, Kelly MacLeish, jeune sergent mutée aux Shetland, décide de changer complètement d’angle dans l’enquête sur le meurtre de Richard MacGowan le soir du Up Helly Aa, la fête des Vikings, lorsque tout le monde se rassemble pour la crémation du drakkar. Le seul indice retrouvé sur le cadavre, c’est un long cheveu noir. Alors sans le savoir, Kelly rejoint le camp des poursuivants. Ceux qui courent après Alex, ceux qu’elle fuit, toujours plus au nord. Dans un premier roman incandescent, gorgé d’alcool, de rock et de poésie, Valentine Imhof nous emporte sur les pas d’une héroïne qui s’est placée sous la protection de Loki, le dieu destructeur de la mythologie nordique. Comme lui, elle a dû boire le venin qui confère la rage. Comme lui, elle nourrit des vengeances, des apocalypses et des rêves de fin du monde. Et les quatre runes de son nom sont tatouées sur sa nuque.

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Dans les eaux du Grand Nord / Ian McGuire. 10-18

Patrick Sumner, un ancien chirurgien de l’armée britannique traînant une mauvaise réputation, n’a pas de meilleure option que d’embarquer sur le Volunteer, un baleinier du Yorkshire en route pour les eaux riches du Grand Nord. Mais alors qu’il espère trouver du répit à bord, un garçon de cabine est découvert brutalement assassiné. Pris au piège dans le ventre du navire, Sumner rencontre le mal à l’état pur en la personne d’Henry Drax, un harponneur brutal et sanguinaire. Tandis que les véritables objectifs de l’expédition se dévoilent, la confrontation entre les deux hommes se jouera dans les ténèbres et le gel de l’hiver arctique.

traduit de l’anglais

Avec une vodka cassis ou un Russian coffee

Le Maître et Marguerite / Mikhaïl Boulgakov. Inculte

Moscou, années 1930, le stalinisme est tout puissant, l’austérité ronge la vie et les âmes, les artistes sont devenus serviles et l’athéisme est proclamé par l’Etat. C’est dans ce contexte que le diable décide d’apparaître et de semer la pagaille bouleversant les notions de bien, de mal, de vrai, de faux, jusqu’à rendre fou ceux qu’il croise. Chef-d’oeuvre de la littérature russe, livre culte à travers le monde, Le Maître et Marguerite dénonce dans un rire féroce les pouvoirs autoritaires, les veules qui s’en accommodent, les artistes complaisants, l’absence imbécile de doute.

traduit du russe

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L’ours et le rossignol / Katherine Arden. Folio

 Au plus froid de l’hiver, Vassia adore par-dessus tout écouter, avec ses frères et sa soeur, les contes de Dounia, la vieille servante. Et plus particulièrement celui de Gel, ou Morozko, le démon aux yeux bleus, le roi de l’hiver. Mais, pour Vassia, ces histoires sont bien plus que cela. En effet, elle est la seule de la fratrie à voir les esprits protecteurs de la maison, à entendre l’appel insistant des sombres forces nichées au plus profond de la forêt. Ce qui n’est pas du goût de la nouvelle femme de son père, dévote acharnée, bien décidée à éradiquer de son foyer les superstitions ancestrales.

traduit de l’anglais

Une bière de Noël

La véritable histoire de Matias Bran / Isabel Alba. La Contre-allée

 Premier volet d’une saga familiale qui commence en Hongrie à la fin du XIXe siècle et se termine à Madrid au début du XXIe siècle, La véritable Histoire de Matías Bran se déroule essentiellement entre 1910 et 1920 et se situe principalement en Hongrie. En suivant le cours de la vie de plusieurs ouvriers de l’usine d’armement Weiser de Budapest, nous traversons les grands conflits en Europe, de la Première Guerre mondiale à la Révolution russe. Et on s’arrête sur un événement historique important et assez peu traité, la République des Conseils de 1919 en Hongrie, qui ne durera que 133 jours…

traduit de l’espagnol

Le dernier rêve de la raison / Dmitri Lipskerov. Agullo

Ilya Ilyassov le Tatare est un vieux-vendeur de poissons, mutique et solitaire. Il vit dans le souvenir de la belle Alza, son unique amour, qui s’est jadis noyée sous ses yeux. Or par une nuit d’hiver. Ilya se transforme en silure, première d’une série de métamorphoses qui lui rendront brièvement sa bien-aimée… De son côté, l’inspecteur Sinitchkine est chargé d’enquêter sur la disparition d’Ilya. Mais il est bien plus préoccupé par ses cuisses qui enflent, enflent, enflent… comme si elles s’apprêtaient à enfanter. Entre onirisme et farce grotesque, le destin croisé de ces deux hommes unis par un étrange lien magique fait surgir une ronde fantasque de multiples personnages, tantõt tragiques, tantôt cocasses, parfois les deux.

traduit du russe

Avec un chocolat chaud ou un café liégois

Cinquante façons de manger son amant / Amélia Gray. L’Ogre

 Une femme rampe dans les canalisations d’une maison silencieuse. Une intervention chirurgicale met au jour un objet d’adoration. Un reptile carnivore divise et cautérise une ville. Dans Cinquante façons de manger son amant, Amelia Gray explore une nouvelle fois l’incroyable cabinet de curiosités qui lui sert d’imaginaire, et nous propose des histoires qui semblent vibrer d’une vie bien à elles, animée par une humanité et un sens de l’humour hors du commun. Ces nouvelles sont des joyaux d’humour noir et d’imagination, qui rappelleront au lecteur à quel point le monde que nous habitons est à la fois étrange, cruel et magnifique.

traduit de l’anglais

Le voleur de plumes. Où l’on traite de la beauté, d’une obsession, et du vol du siècle en matière d’histoire naturelle / Kirk Wallace Johnson. Marchialy

Seriez-vous prêt à risquer votre carrière pour quelques plumes ? Un soir de juin 2009, un jeune musicien virtuose destiné à une brillante carrière commet un casse pour le moins incongru : après s’être produit à un concert de la Royal Academy of Music de Londres, il s’infiltre discrètement dans le musée d’Histoire naturelle de Tring pour voler des centaines d’oiseaux entreposés là depuis plusieurs décennies. Plus étonnant encore, il ne s’empare pas des fleurons de la collection recueillis par Darwin, mais plutôt des paradisiers et autres aux couleurs éclatantes rapportés en Europe par un naturaliste méconnu du XIXe siècle. C’est lors d’une partie de pêche à la mouche que Kirk Wallace Johnson entend parler de cette histoire pour la première fois. Fasciné par l’affaire, il se lance dans une enquête passionnante, à la recherche de ces plumes disparues, et questionne notre obsession pour la beauté et notre désir de la posséder, à n’importe quel prix.

traduit de l’anglais

Un thé fumé

Les sept morts d’Evelyn Hardcastle / Stuart Turton. 10-18

 Ce soir à 23 heures, Evelyn Hardcastle va être assassinée. Qui, dans cette luxueuse demeure anglaise, a intérêt à la tuer ? Aiden Bishop a quelques heures pour trouver l’identité de l’assassin et empêcher le meurtre. Tant qu’il n’est pas parvenu à ses fins, il est condamné à revivre sans cesse la même journée. Celle de la mort d’Evelyn Hardcastle.

traduit de l’anglais

Croc fendu / Tanya Tagaq. Christian Bourgois éditeur

Nunavut, fin des années 1970. Dans ce territoire isolé du nord du Canada, la rudesse de la nature et du froid est redoublée par le mépris dans lequel sont tenus ses habitants, les Inuits. Une adolescente grandit. Elle connaît l’amitié, l’amour parental, l’art du camouflage et de la survie. Elle connaît l’ennui et l’intimidation. Les ravages de l’alcool, la violence sourde, la menace des hommes, le courage d’aimer les petites peurs. Elle connaît le pouvoir des esprits. Elle scande en silence la puissance brute, amorale, de la glace et du ciel. C’est l’histoire d’une fille qui devient femme, en s’appropriant son corps, sa culture, sa voix. Croc fendu chronique les jours terribles d’un village écrasé sous le soleil de minuit. Mêlant descriptions hallucinées et plongées intimistes, ce portrait d’une héroïne inoubliable nous pousse à reconsidérer la différence entre le bon et le mauvais, l’animal et l’humain, le réel et l’imaginaire.

traduit de l’anglais

Avec un cidre chaud

L’ours est un écrivain comme les autres / William Kotzwinkle. 10-18

 Il était une fois un ours qui voulait devenir un homme… et qui devint écrivain. Ayant découvert un manuscrit caché sous un arbre au fin fond de la forêt du Maine, un plantigrade comprend qu’il a sous la patte le sésame susceptible de lui ouvrir les portes du monde humain – et de ses supermarchés débordants de sucreries… Le livre sous le bras, il s’en va à New York, où les éditeurs vont se battre pour publier l’oeuvre de cet écrivain si singulier – certes bourru et imprévisible, mais tellement charismatique ! Devenu la coqueluche du monde des Lettres sous le nom de Dan Flakes, l’ours caracole bientôt en tête de liste des meilleures ventes…

traduit de l’anglais

Ce genre de petites choses / Claire Keegan. Sabine Wespieser

Ce genre de petites choses. En cette fin d’année 1985 à New Ross, Bill Furlong, le marchand de bois et charbon, a fort à faire. Aujourd’hui à la tête de sa petite entreprise et père de famille, il a tracé seul sa route : élevé dans la maison où sa mère, enceinte à quinze ans, était domestique, il a eu plus de chance que d’autres enfants nés sans père. Trois jours avant Noël, il va livrer le couvent voisin. Le bruit court que les soeurs du Bon Pasteur y exploitent à des travaux de blanchisserie des filles non mariées et qu’elles gagnent beaucoup d’argent en plaçant à l’étranger leurs enfants illégitimes. Même s’il n’est pas homme à accorder de l’importance à la rumeur, Furlong se souvient d’une rencontre fortuite lors d’un précédent passage : en poussant une porte, il avait découvert des pensionnaires vêtues d’horribles uniformes, qui ciraient pieds nus le plancher. Troublé, il avait raconté la scène à son épouse, Eileen, qui sèchement lui avait répondu que de telles choses ne les concernaient pas. Un avis qu’il a bien du mal à suivre parce froid matin de décembre, lorsqu’il reconnaît, dans la forme recroquevillée et grelottante au fond de la réserve à charbon, une très jeune femme qui y a probablement passé la nuit. Tandis que, dans son foyer et partout en ville, on s’active autour de la crèche et de la chorale, cet homme tranquille et généreux n’écoute que son coeur. Claire Keegan, avec une intensité et une finesse qui donnent tout son prix à la limpide beauté de ce récit, dessine le portrait d’un héros ordinaire, un de ces êtres par nature conduits à prodiguer les bienfaits qu’ils ont reçus.

traduit de l’anglais

Avec un grog

La vierge froide, et autres racontars / Jorn Riel. Gaïa

 La nuit polaire est longue au Groenland. Pour la meubler, les chasseurs disséminés sur le désert de glace se racontent leurs aventures, véridiques ou pas, leurs racontars, devant une bouteille de schnaps. Un soir, à court d’idées, Mads Madsen invente Emma. Qui prendra vie d’une manière assez imprévisible.

traduit du danois

Nirliit / Juliana Léveillé-Trudel. La Peuplade

 Une jeune femme du Sud qui, comme les oies, fait souvent le voyage jusqu’à Salluit, parle à Eva, son amie du Nord disparue, dont le corps est dans l’eau du fjord et l’esprit, partout. Le Nord est dur – « il y a de l’amour violent entre les murs de ces maisons presque identiques » – et la missionnaire aventurière se demande « comment on fait pour guérir son coeur ». Elle s’active, s’occupe des enfants qui peuplent ses journées, donne une voix aux petites filles inuites et raconte aussi à Eva ce qu’il advient de son fils Elijah, parce qu’il y a forcément une continuité, une descendance, après la passion, puis la mort. Juliana Léveillé-Trudel livre un récit d’amour et d’amitié beau et rude comme la toundra. Nirliit partage la « beauté en forme de coup de poing dans le ventre » qu’exhale le Nord.

 

Et si vous n’avez pas trouvé votre bonheur, vous pouvez jeter un oeil par ici.

3 commentaires sur “20 bonnes excuses pour siroter peinard sous le plaid”

  1. Bonjour,

    Voilà une belle liste, très éclectique ! Le dernier rêve de la raison, Nirliit, Le maître et marguerite ont été des grands moments de lecture pour moi aussi ! (j’ai en revanche eu un peu de mal avec A rebours, je lui ai préféré le moins connu « Là-bas »).
    Et je retiens le très intrigant « Chien noir » !

    Bon week-end,

  2. Je ne peux que souhaiter que l’hiver dur longtemps pour avoir le temps de tout lire et… tout boire. ça donne envie et fait apprécier l’hiver plus encore. Merci !

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