Dans les rues de Londres + Une chambre à soi – Virginia Woolf

Virginia Woolf à travers son essai phare Une chambre à soi, et une nouvelle dans laquelle l’autrice raconte comment, prenant le prétexte de devoir s’acheter un nouveau crayon de papier un soir d’hiver, elle sillonne les rues de Londres sans plus de but que de se laisser porter au fil des échoppes, rencontres, souvenirs, pensées, qui se croisent et s’interpellent.

Viendra le temps du feu – Wendy Delorme (Cambourakis)

On n’attendait pas forcément Wendy Delorme dans un virage dystopique et pourtant ça lui va comme un gant ! 
Wendy Delorme est universitaire, performeuse, activiste féministe queer, écrivaine. Dans ce nouveau roman, cinq figurent s’articulent, Ève, Louise, Rosa, Raphaël, Grâce. Par leurs regards et leurs luttes se déploie un flamboyant et incandescent roman, très sororal, qui se tisse de part et d’autre du fleuve où tout s’est joué et où tout reste à faire. 

Nellie Bly – Dans l’antre de la folie – Ollagnier et Maurel (Glénat)

Très chouette adaptation du récit de la journaliste Nellie Bly paru à la fin du dix-neuvième siècle, s’appuyant sur son internement à l’asile de Blackwell, New York. Dans ce reportage, Nellie Bly pointe les dérives de l’autorité par charité publique, la bonté qui se mue en coups et torture, la folie qui guette comme repli, et l’argent qui entre dans certaines poches au détriment de sa destination initiale, par cupidité, simple profit ou étroitesse d’esprit qui ici, sous couvert d’aliénation mentale, se permet bien des choses.

Le tour du monde en 72 jours – Nellie Bly

Récit de voyage d’une journaliste déterminée à la fin du dix-neuvième siècle. En novembre 1889, la journaliste américaine Nellie Bly entamait son périple en vue de faire le tour du monde en moins de 80 jours. Un défi à plusieurs échelles, lancé d’abord fictivement à Phileas Fogg, professionnel puisque l’époque voit tout juste apparaître le journalisme de reportage, et personnel puisqu’il est encore loin d’être banal de partir explorer en en solo de la sorte quand on est une femme. Elle se prendra bien quelques remarques, qu’elle retoquera efficacement, bien décidée à mener à bien son projet. Une rencontre passionnante et un voyage qui nous plonge littéralement dans le contexte de l’époque.

Chavirer – Lola Lafon (Actes sud)

Lola Lafon donne voix aux colères assourdies, aux corps tus par ces gestes que ne devraient pas, ces mots qui auraient pu, et cette temporalité qui réveille et révèle, enfin. En 1984, Cléo a treize ans, elle danse, elle rêve, et elle accepte, de jouer le jeu pour une fondation énigmatique, qui saurait lui donner des ailes, si seulement. La prédation sans scrupules, qui fauche en plein vol, cette ère où les bruits couraient sans retenir l’écho, qui éclate un peu plus maintenant. Et cette culpabilité qui fige et creuse. Lola Lafon, tellement puissante, encore une fois. Rentrée littéraire 2020

Flipette et Vénère – Lucrèce Andreae (Delcourt)

Flipette et Vénère, deux soeurs que tout oppose. Elles ne se fréquentent même plus d’ailleurs, mais par la force des choses, elles vont devoir remettre le couvert. Lucrèce Andreae touche au plus juste avec cette histoire de frangines plus vraie que nature, qui pointe nos contradictions à tous.

Lysistrata – Aristophane

En -411, dans la cité d’Athènes, Aristophane se frotte à la domination masculine, avec cette pièce truculente et grivoise, où les femmes ont décidé de faire la grève du sexe pour faire revenir leurs hommes au bercail, les enjoindre de cesser cette guerre qui sévit dans le Péloponnèse. Si vous souhaitez retenter la littérature antique en faisant un pied de nez à vos (mauvais) souvenirs, cette pièce est pour vous !

Tout nu ! Le dictionnaire bienveillant de la sexualité (éd. du Ricochet)

N’y allons par quatre chemins, si vous avez un.e ado à la maison, achetez ce livre et laisser le trainer dans sa chambre. Myriam Daguzan Bernier a imaginé le livre qu’elle aurait voulu lire adolescente, et elle tombe juste, répondant simplement et sans fards aux questionnements que peuvent se poser les jeunes à un moment ou à un autre. Un texte qui vise l’inclusion, le vivre ensemble, le respect, mais aussi, et la curiosité et le plaisir. Un incontournable !

La femme-brouillon – Amandine Dhée (La Contre-allée)

La maternité dite sans fard. La maternité contemporaine, féministe, contradictoire. Amandine Dhée témoigne de son expérience, comme un direct lancé dans les préceptes véhiculés par quiconque à voix au chapitre dans notre société encline au progrès. Elle dit les difficultés à se placer, à se trouver, à profiter tout en sachant garder une part d’égoïsme, maintenir l’individu au-delà du statut. Un texte à faire circuler largement, et pas seulement auprès des (futures) mères, et seulement auprès des femmes…

Mamie Luger – Benoît Philippon (Les Arènes)

Un matin, Berthe, 102 ans, accueille des policiers en intervention devant chez elle à coup de plombs dans le derrière. Soupçonnée d’être complice d’une nouvelle mouture de Bonnie & Clyde, elle est interrogée pour son port d’arme illégal et sa façon peu courtoise de coopérer avec les bleus. La journée va être longue pour l’inspecteur Ventura, d’autant que la perquisition révèle quelques macchabées bien planqués. Revigorant et distrayant. Gros coup de coeur !

Corps sonores – Julie Maroh (Glénat)

Après l’incandescente rencontre amoureuse entre deux jeunes femmes dans Le bleu est une couleur chaude, Julie Maroh s’intéresse de nouveau aux sentiments et ébats amoureux dans un genre de recueil de rencontres qui ne laisse pas indifférent. C’est très beau, pluriel, intense. Une belle entracte.

Appelez-moi Nathan – Catherine Castro & Quentin Zuttion (Payot Graphic)

Lila ne s’est jamais franchement sentie fille. Pas même garçon manqué. Plutôt garçon tout court. Si pendant l’enfance, la différence ne se fait pas encore trop sentir, les choses se compliquent à l’adolescence, entre hormones et éveil et seins qui poussent, qui la mettent au pied du mur face à son identité. Car il ne s’agit pas juste de fuir les robes légères et de préférer le foot à la danse, Catherine Castro et Quentin Zuttion nous parlent bien de dysphorie de genre. Un très bel album à faire circuler.

Le corps est une chimère – Wendy Delorme (Au Diable Vauvert)

Wendy Delorme est universitaire, performeuse, activiste féministe queer, écrivaine. Pour ce quatrième roman, elle aborde ce qu’elle connaît bien et défend quotidiennement, les questions d’identité, de genre, de féminin-masculin.  A travers une galerie de personnages, elle parle des minorités en leur donnant corps, pointant qu’elles ne sont en rien des exceptions.

Camel Joe – Claire Duplan

Une jeune illustratrice imagine une super-héroïne pour combattre les agressions sexistes et les rapports hétéro-normés. Une BD féministe sympa, très actuelle, drôle, décapante et qui sonne juste, avec un côté riot grrl assez plaisant.