America – de Nine Antico (Glénat)

Vous ne connaissez pas encore le trio de pestes créé par Nine Antico en 2010 ? Quel plaisir de retrouver cette attitude de défiance du trio « Pauline, Marie et Julie » qu’on avait découvert dans Girls don’t cry et Tonight. Elles reviennent dans America pour une virée chez l’Oncle Sam. 

Le trio naquit dans un magazine féminin (Muteen, qu’on a le droit de détester) mais en sortit vite. Nos trois adolescentes, petites Parisiennes à franges, jouaient les nunuches, les groupies, mais faisaient preuve d’une justesse de ton et d’un verbe acéré. Des icônes rock en devenir. Logique, Nine Antico a débuté par un fanzine (Rock this way) dont elle rédigeait les chroniques de concerts. Dans les deux précédents albums, nos gamines bavassaient sur ces soirées nulles mais qu’il ne fallait pas manquer, pinaillaient sur l’attitude de leurs petits copains, notaient les garçons dans la rue. Mais elles entraient dans l’âge adulte et ne se faisaient pas d’illusion sur leur propre médiocrité.

Et ce troisième album alors ? Eh bien, pour être honnête, la couverture m’a perturbé d’entrée : les 2 couv’ précédentes étaient des hommages clairement identifiés à The Cure et à Iggy Pop… et ici je sèche ! J’ai mis sur l’affaire mon pote Paul, « Philippe Manoeuvre et Olivier Cachin à lui tout seul ». Rien, aucune idée ! Si vous voyez quelle pochette est copiée, laissez un commentaire ci-dessous, merci.

Sinon ? Toujours aussi sympa, une BD cool à l’illustration soft et distinguée comme un album de Bowie (référence facile et fédératrice), organisée comme les autres en gags en une planche. Le ton reste futile et acerbe, joyeux et désabusé comme une chanson de Lio (référence qu’il faut assumer).

Pauline, larguée par son petit ami, s’envole un été pour New-York, et n’a pas les codes du citadin à Manhattan. Les garçons lui parlent, lui prennent son « zéro-six », mais ne l’appellent pas.

– Les New-Yorkais sont super friendly, mais c’est dur de passer à l’étape 2…
– Niquer ?
– Boire l’apéro !

Paumée, elle file vers la Californie et est rejointe par ses deux amies. A trois, si on n’a pas les codes, on fait front plus facilement… Les petites méchancetés reviennent, la superficialité également.

Pour finir, il reste après lecture un sentiment de voyage désenchanté, ratage complet du rêve américain, mais de plaisir de retrouver Paris et ses nuages, ses habitants toujours râleurs mais qui n’ont pas bougé, et un nouvel appart’ pour un nouveau départ. Un album fidèle aux deux autres, fidèle comme l’amitié de ce trio qu’on voudrait avoir comme copines.

Des albums curieux et un auteur au message pas évident au premier abord… Nine Antico brouille les cartes car pour elle, les envies des filles (et d’elle en particulier) sont brouillonnes lorsqu’elle déclare : « Moi, quand j’étais plus petite, je ne pensais pas que je serais une jeune femme mettant des jupes, du rouge à lèvres, du vernis. Comment en arrive-t-on là ? ». Tiens, bonne question.

America / Nine Antico. Glénat, 2017
 
 

3 commentaires sur “America – de Nine Antico (Glénat)”

    1. Jamais lu pour ma part mais très envie de découvrir, je fais confiance à NickCarraway. Par-contre, nous n’en avons pas à la médiathèque, je jetterai un œil chez BD Fugue jeudi, voir s’ils les ont… 😀

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