La Bretagne profonde. Les Monts d’Arrée dans ce qu’ils ont de plus rude.
Un patelin, l’Argoat, et la famille Argol.
Les enfants d’abord , avec Dany, le tombeur franchouillard, « J’ai levé vers elle ma petite gueule de play-boy rural, esquissant le sourire colle-meuf dont j’ai le secret, celui du beau gosse nourri au grain »,
Cécile, lesbienne du village et dingue d’armes à feu « Je l’ai vue, ultime tentative de combat, pointer vers l’avant ses nibards – sa valeur ajoutée – mais pour le reste, c’était à se demander si les fées armoricaines qui s’étaient penchées sur son berceau ne s’étaient pas un chouïa plantées »
Lucas le schizophrène qui préfère laisser la parole à sa marionnette Olive
« Un peu plus tôt, juste avant l’orage, j’avais entendu dans la cour Lucas faire l’idiot avec sa marionnette derrière une pintade en rut et j’avais cru qu’Olive causait avec quelqu’un »
et Jean-Bruno, avec sa « gueule de contre-exemple », le discret mélancolique qui déteste les fouineurs qui prennent la ferme pour un site touristique.
La mère quant à elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer ; elle trimballe son fauteuil à travers la ferme, défie les lapins du regard ou cours après les mouches.
Tous portent un fardeau qu’ils peinent à entrevoir. L’arrivée de Flora « Fille grande et gracieuse avec un visage buté et une petite folie dans les yeux qui donnait le sentiment que, du haut de son passé invisible, elle nous méprisait » va les replonger dans un passé douloureux sur fond de musique rock et de morts suspectes.
L’écriture de Claude Bathany est étonnante. Les personnages prennent la parole tour à tour, évoquant un même événement avec leurs propres mots, leurs angles de vue particuliers. Les enfants Argol donc, et la famille Moullec aussi, il y a bien longtemps…
Country blues / de Claude Bathany. Métailié « noir »