La cage aux cons -Robin Recht et Matthieu Angotti (D’après Franz Bartelt) (Delcourt)

Une adaptation réussie du Jardin du Bossu de Franz Bartelt, tout en nuances de noirs et de blancs pour cette fable obscure dans laquelle la naïveté badine côtoie l’effroi le plus sombre.

Pour situer Le jardin du Bossu de Franz Bartelt, je dirai que c’est un peu comme la rencontre du Dîner de cons et des délires les plus déjantés et grinçants d’un auteur comme Palahniuk.

Un quidam ruiné se voit sommé par sa compagne de trouver de l’argent. Noyant son chagrin dans un troquet, il se fait offrir des verres par un homme soul qui semble très en fonds.Voyant l’aubaine, il décide de suivre le poivrot jusqu’à chez lui pour le dévaliser. Arrivé sur place et croyant l’affaire emballée, notre homme se retrouve devant le canon d’un revolver : le type jouait la comédie. Le néo-cambrioleur va ainsi être séquestré et vivre des aventures successives dans lesquelles le sordide le dispute à l’invraisemblable.

Cette bande dessinée est un très bel objet, tout en noir et blanc, ce qui convient parfaitement au propos. Le dessin emprunte au classicisme du neuvième art, les traits des personnages ont une certaine naïveté mais sans exagération, on est quand même dans de la BD noire. Il y a des planches avec des effets de cadrage originaux et adaptés, mais surtout ce qui m’a plu dans la forme c’est la qualité des nuances de noirs et de blancs. Il y a des détails subtils et des lavis ou des ombres raffinés, des enclaves de blanc qui brillent, c’est une réalisation de grande qualité.

L’adaptation du scénario suit la trame du roman, elle très fidèle. Je n’ai plus assez le livre en tête pour me rappeler si tout y est, mais les principaux épisodes sont bien présents. On retrouve aussi l’essence des dialogues et de la trame narrative. La balourdise du personnage principal qui contraste avec sa sincérité. Les questions sociales en filigrane, même si sur ce support ce sillon est beaucoup moins creusé.

Ce qui m’a un peu surpris dans la version BD c’est la vitesse à laquelle est menée l’intrigue. On passe d’une scène à l’autre très rapidement et finalement on est vite rendu au terme. Le roman prenait plus le temps de la répétition, ce qui en rajoutait à l’effet étouffant de la séquestration. Ce n’est pas un défaut en soi, mais cela risque de surprendre ceux qui ont lu le livre en premier.

Mais c’est une adaptation réussie sans aucun doute. Il faut dire que l’ouvrage de Bartelt se prête exactement au genre. De par sa construction et jusqu’à son dénouement très BD. Même si le format permet moins de développement philosophique, l’image, par son entremêlement de noir et de blanc, illustre parfaitement cette espèce de lutte des classes ambiguë qui se joue jusque dans le burlesque et aux limites du gore.

Je remercie Babelio et les éditions Delcourt d’avoir fait de moi le destinataire privilégié de cette très belle bande dessinée que je ne saurai que trop vous recommander. Pour ceux qui auraient la flemme ou manqueraient de temps pour lire Le jardin du Bossu, c’est un substitut idéal. Pour les autres une belle remise en perspective.

La cage aux cons

(d’après Franz Bartelt)

Robin Recht

et Matthieu Angotti

Delcourt

152 pages

2 commentaires sur “La cage aux cons -Robin Recht et Matthieu Angotti (D’après Franz Bartelt) (Delcourt)”

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