On peut avoir toute confiance en Monsieur Toussaint Louverture pour dénicher des pépites de la littérature américaine (mais pas uniquement) et nous les présenter dans un écrin éditorial somptueux. Quand en plus il s’agit de l’un des livres préférés de Jean-Patrick Manchette (dixit le journal du maître), il faut s’y plonger sans se poser de question.
Auteur/autrice : Rodolphe
Ma cruauté – François Bégaudeau (Verticales)
Après le passage à tabac (de contrebande) qu’il a subit dans le Masque et la plume, il me tenait à cœur de profiter de la tribune offerte par Ca sent le book pour défendre et réhabiliter ce qui est sûrement l’un des meilleurs livres de ce printemps.
Une sortie honorable- Eric Vuillard (Actes Sud)
Dans un nouveau récit, le goncourisé Eric Vuillard revient sur le conflit en Indochine, phase importante du déclin colonial français sur lequel les manuels d’histoire s’étendent peu, désignant les responsables et les responsabilités dans son style habituel et définissant avec une concision remarquable le champ des tenants et des aboutissants.
Plexiglas mon amour – Eric Chauvier (Allia)
Il va y avoir beaucoup, vraiment beaucoup de livres dont les thèmes seront axés autour de cette dernière pandémie. Et je m’étais promis que je n’en lirai aucun, parce que c’est vraiment une solution de facilité pour la création. Mais quand c’est Eric Chauvier qui vient proposer un livre sur ce thème, je change d’avis, je suis tenté de lui faire confiance.
L’enquête infinie – Pacôme Thiellement (PUF)
L e sens de la vie est une énigme qui nous laisse tous, assez unanimement, dans une perplexité infinie. Mais régulièrement il y a des chevaliers qui descendent armés de tout leur courage au fond de la mine des signes et des symboles pour essayer d’y trouver des bribes de signification qui assemblées éclaireront nos jours de pauvres mortels. Pacôme Thiellement est de ces paladins.
Un champion fragile – Adolfo Bioy Casarès
L’invention de Morel étant citée en exergue du livre Notre part de nuit, grand Must read de la rentrée, je me suis intéressé à l’œuvre d’Adolfo Bioy Casarès. Est donc née de ces investigations ce billet sur un livre de la fin de son œuvre, Un champion fragile.
L’oiseau moqueur – Walter Tevis (Gallmeister-Totem)
Les éditions Gallmeister rééditent cette dystopie visionnaire et pleine de symboles, d’un auteur américain peu connu en France et pourtant à l’origine de plusieurs mythes de la pop-culture.
Les misérables – Victor Hugo
La tendance ces derniers temps dans le monde culturel est à un retour aux classiques. Et il se pratique sur Ça sent le book des chroniques de classiques orientées par certaines tendances. Or dernièrement la tendance était à choisir un mythe sur lequel on avait un à priori négatif.
Et c’est exactement ce que j’ai fait en me tournant vers Les misérables de Victor Hugo, auteur que je tenais pour inintéressant et très poussiéreux, auréolé de son titre de classique des classiques, puisqu’il n’est pas une scolarité qui ne puisse se faire sans rencontrer ledit Victor à tous les coins de rue.
Le Golem – Gustav Meyrink (Stock – La cosmopolite)
Dans ce classique de la littérature germanique du début du XXè siècle, Gustav Meyrink nous entraîne dans les recoins sombres et mystérieux du ghetto de Prague, sur les traces d’une créature légendaire de la mystique juive. Entre Kafka et Poe un récit fascinant.
Initiale – Frederic Paul (Edilivre)
Un artiste tourmenté quitte sa Russie natale et la folie de ce début de vingtième siècle, pour rejoindre l’ouest de l’Europe où une passion transgressive lui fera jouer un rôle au côté des avant-gardes artistique Parisienne. Un roman de fuite, sulfureux, aux fondements de l’art : l’érotisme et la mort.
La cage aux cons -Robin Recht et Matthieu Angotti (D’après Franz Bartelt) (Delcourt)
Une adaptation réussie du Jardin du Bossu de Franz Bartelt, tout en nuances de noirs et de blancs pour cette fable obscure dans laquelle la naïveté badine côtoie l’effroi le plus sombre.
La reine du Mardi-gras (suivi de « Un vitrail de plus ») – Brigitte Fontaine (Riveneuve)
Brigitte Fontaine est publiée ici par Riveneuve, dans sa collection Pépites, pour un texte court qui a pour titre La reine du Mardi-gras. De quoi s’agit-il ?
[Rentrée littéraire 2020] Le ciel les yeux fermés – Adam Ehrlich Sachs (Inculte)
Un roman à l’écriture atypique et entêtante qui prend la forme d’un conte baroque, distillant de la philosophie, et de la poésie gothique. Une expérience vraiment sympathique et une des très bonnes surprises de cette rentrée.
[Rentrée littéraire 2020] Comme un empire dans un empire – Alice Zeniter
Un roman dense et fluide à la fois qui ouvre sur les rouages de l’empire d’internet, lui-même imbriqué dans l’empire des hommes régi par le monde politique.
Lettres du mauvais temps – Jean-Patrick Manchette (correspondance 1977-1995)
Un recueil brillamment édité, qui donne à lire la vie et les avis de Manchette, depuis le sommet de sa gloire jusqu’à sa disparition au terme d’une lutte acharnée contre l’adversité.
[Rentrée littéraire 2020] Comédies françaises – Eric Reinhardt
Un titre évocateur. Dans ce dernier roman d’Eric Reinhardt il sera donc question de comédies, en divers sens du terme, et l’ancrage sera très français. Comédie du surréalisme, comédie des lobbys, comédie des classes sociales vont donc être évoquées avec une ambition littéraire inégale et parfois inappropriée.
2666 – Roberto Bolaño (Folio)
2666 est un roman rare et précieux dont les dimensions en font un édifice gigantesque, une cathédrale que l’on n’en finit pas d’admirer et dans laquelle il est si bon de se perdre.
Roberto Bolaño, poète et écrivain chilien, est mort en 2003 juste après avoir livré 2666 à son éditeur, dans une version qu’il estimait proche de l’achèvement.
Qu’est ce qui se cache derrière ce titre en forme d’énigme apocalyptique ?
Solénoïde – Mircea Cartarescu (Noir sur Blanc)
Un roman génial, labyrinthique, angoissant, exaltant, qui interroge la folie et la réalité pour aboutir à des rêves métaphysiques.
C’est LE roman de 2019, ce Solénoïde qui nous parvient en cette rentrée , traduction de l’auteur roumain Mircea Cartarescu, et publié aux éditions Noir sur Blanc. Attention, c’est un pavé, il compte quand même 800 pages. Et c’est le genre de livre exigeant qui nécessite de prendre une petite semaine de RTT pour explorer ses profondeurs et reprendre son souffle une fois revenu à la surface.