La Marrakech du Nord – Hervé Mestron

Le Musicos est contrebassiste. Un musicien un peu paumé qui aurait pu connaître la gloire s’il n’avait pas la mauvaise habitude de s’engager dans les pires plans. Cette fois, direction La Marrakech du Nord… un nom qui pourrait bien le faire rêver… s’il ne s’agissait pas d’un camping de la cote belge, bien calé sur les plages de Knokke-le-Zoute.
Sa chère et tendre, Denise, aux allures peu camouflées de contrebasse, ne cache pas son mécontentement. Jouer dans un orchestre pour joueurs de pétanque et miss camping à la dérive, très peu pour elle. Il faut dire qu’elle a connu l’opéra.
Le lieu est un brin rudimentaire, les animations choisies avec soin, la décoration style palmiers en plastique confirme un goût certain. Et notre Musicos de rencontrer son acolyte musical, Gilbert, alias Eddy Piof, qui use de sa guitare pour faire chanter le Ricard qui coule en lui.
Betty viendra rapidement compléter la galerie de personnages. La jeune femme flamboyante aux yeux de notre musicien mais peu loquace viendra pimenter son imaginaire. Le costume d’homme-grenouille la fera-t-elle chavirer ?  
Le Musicos est sensible, attachant et maladroit. Il agit à l’instinct, rêve les yeux ouverts et choisit le loufoque pour masquer un certain désenchantement. C’est aussi le personnage phare de la série du même nom. Chaque roman comme un nouvel épisode dans la vie de cet homme, de nouvelles rencontres, des histoires d’amour platoniques, sous l’œil blasé de sa fidèle Denise.
Ce court roman a tout ce qu’il faut où il faut. J’ai beaucoup aimé, et j’ai beaucoup ri. La gouaille imagée et les situations absurdes m’ont rappelé avec plaisir les romans populaires à la Jean Vautrin.
Hervé Mestron a une trentaine de titres à son actif. Il écrit pour les adultes, pour les jeunes. Il évoque des situations, propose des portraits intimistes, parfois graves, toujours en musique. 
J’ai acheté trois caleçons pour le prix de deux. Une étiquette indiquait offerta. Il n’en fallait pas plus à cet instant pour combler mon bonheur. En sortant j’ai traversé les favelas et comme je n’avais pas de monnaie, j’ai donné mes sous-vêtements à un vieux. Il en a mis un sur sa tête pour se protéger du soleil et m’a regardé comme si j’étais Dieu.
La Marrakech du Nord, de Hervé Mestron. Editions Symétrie. 2011
Merci aux Agents littéraires, aux éditions Symétrie et à Hervé Mestron pour cette lecture. 

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