Le fantôme de Canterville – Oscar Wilde

Les châteaux, manoirs et grandes demeures sont à l’honneur ce mois-ci pour le retour aux classiques impulsé par Moka depuis maintenant plus de 5 ans, l’occasion pour moi de relire cet Oscar Wilde dont je ne me souvenais finalement pas grand-chose, mais retrouvé avec un plaisir certain.

« Je crains que le fantôme n’existe bel et bien, dit Lord Canterville en souriant, et qu’il puisse résister aux propositions de vos imprésarios, si entreprenants soient-ils. Il est bien connu depuis trois siècles, exactement de 1584, et il fait toujours son apparition avant la mort d’un membre de notre famille. 
– Ma foi, il en est de même du médecin de famille, tout bien considéré, Lord Canterville. Mais les fantômes n’existent pas, monsieur, et j’imagine que les lois de la nature ne vont pas se trouver suspendues pour l’aristocratie britannique. »

Le fantôme de Canterville, ou l’histoire d’un diplomate américain qui s’installe avec sa famille, en cette fin de dix-neuvième siècle, au manoir de Canterville Chase en Angleterre, malgré la présence notoire du fantôme de la demeure, celui de Sir Simon de Canterville, qui en 1575, assassina son épouse dans la bibliothèque des lieux. Habitué à faire son petit effet auprès de ses hôtes, le fantôme se trouve fort dépourvu devant la réaction inattendue de la famille qui, après avoir admis bien difficilement la véracité de cette présence, cherche à tout prix à le rouler ou le tourner en ridicule. L’arroseur arrosé en somme, qui ne trouvera le repos que par l’intervention de la jeune fille de la maison, qui accompagnera les regrets de l’assassin pour le conduire à sa délivrance.

« Comme la Mort doit être belle ! Reposer dans la terre molle et brune, tandis que les herbes vous ondulent au-desus de la tête, et écouter le silence… N’avoir pas d’hier, et pas de demain… Oublier le temps, oublier la vie, être en paix… Vous pouvez m’aider. Vous pouvez m’ouvrir le portail de la maison de la Mort, car l’Amour est toujours avec vous, et l’Amour est plus fort que la Mort. » 
Virginia se mit à trembler ; elle fut parcourue d’un frisson glacial, et pendant quelques instants il y eut un silence. Elle avait l’impression d’être au milieu d’un rêve terrible. 
Puis le fantôme se remit à parler, et sa voix ressemblait aux soupirs du vent : Avez-vous lu la vieille prophétie sur la fenêtre de la bibliothèque ? »

Un conte gothique et burlesque tout à fait distrayant. Bon, moeurs d’époque oblige, nous avons droit à de l’enfant délicieuse et délicate et à un crime conjugal qui semble plus anecdotique que dramatique…

Le recueil comporte deux autres nouvelles mettant en scène des gros portefeuilles, les demeures seront donc assez vastes également mais pas au coeur des récits. Le crime de Lord Arthur Savile, une histoire de chiromancie, d’amour fou et de crédulité sans limite, très divertissante également, et Le Millionnaire modèle, à la morale un peu facile et tout à fait dispensable à mon sens…

Grandes demeures, ambiances désuètes, regard grinçant, angoisses drôlatiques, c’est toujours un plaisir de retrouver la plume d’Oscar Wilde, ici accompagnée de gravures de Gustave Doré qui renforcent le charme, quoi de mieux pour s’enfoncer dans l’automne ? 

Le fantôme de Canterville et autres contes
Oscar Wilde
traduction de Jules Castier
Illustrations de Gustave Doré
Lattès, 1995
271 pages

Retrouvez ici les autres titres lus par les participant.e.s.
Prochain rdv fin novembre autour de l’oeuvre de Yukio Michima.
Si vous souhaitez en savoir plus, voire même rejoindre (régulièrement ou ponctuellement) l’équipée, c’est par là !

 

2 commentaires sur “Le fantôme de Canterville – Oscar Wilde”

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