Paul et Virginie / Bernardin de Saint-Pierre

La sixième saison (déjà !) prend place avec encore une fois des propositions plus qu’alléchantes au fil des mois pour cette stimulante invitation à (re)lire des classiques.

Les récits insulaires amorcent la saison et pour ma part, n’ayant pu mettre la main sur Taïpi de Herman Melville, je me suis fixée un petit auto-challenge dans le challenge en me plongeant dans Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre, auteur disciple de Rousseau avec qui je garde quelques déconvenues depuis le lycée. Qui plus est, je lis, avant de débuter ma lecture, que ce classique du 18eme siècle s’inscrit dans le registre littéraire pathétique, mais où ai-je choisi de mettre les pieds ? 😉 Paul et Virginie, deux enfants élevés comme frère et soeur depuis leur naissance dans un petit paradis préservés des bassesses du monde, voient leurs trajectoires brisées par la souffrance et le malheur alors qu’ils ne souhaitaient qu’un bonheur simple à l’image de leurs premières années.

« Vous autres Européens, dont l’esprit se remplit dès l’enfance de tant de préjugés contraires au bonheur, vous ne pouvez concevoir que la nature puisse donner tant de lumières et de plaisirs. Votre âme, circonscrite dans une petite sphère de connaissances humaines, atteint bientôt le terme de ses jouissances artificielles : mais la nature et le cœur sont inépuisables. »

Leur histoire, nous l’apprenons par un jeune homme sillonnant l’île de France, actuelle Île Maurice, alors qu’il s’interroge sur la présence de deux cabanes abandonnées. Un vieillard de passage lui conte alors le souvenir de deux femmes, l’une veuve l’autre célibataire avec enfant, au ban de leurs familles par leurs choix de vie, qui avaient tissé une parade existentielle à l’écart sur l’île, à Port-Louis. La vie instaurée par les deux femmes est faite de simplicité, d’altruisme et de vertu, bravant les mauvais coups et préservant leurs enfants des maux du monde. Une vie douce et simple qui n’échappera pourtant pas au tragique.

« Les images du bonheur nous plaisent, mais celles du malheur nous instruisent »

Le récit est un peu daté et un peu niais à mon goût (mais peut-être que je manque de romantisme ?), très ancré dans cette joyeuse période de l’esclavagisme même si l’auteur partage une vive opposition. Bernardin de Saint-Pierre distille dans ce texte une vision idyllique et utopique, prônant le retour à la nature, le bonheur de la contemplation des choses simples, la vertu et la chasteté, et taclant au passage la politique monarchique en vigueur. Un conte philosophique dont je me satisfait de la lecture et qui, sans être pour autant un galvanisant moment de lecture, laissera plus de traces que je ne le pensais.

 « Pourquoi douter des songes ? La vie, remplie de tant de projets passagers et vains, est-elle autre chose qu’un songe ? »

Paul et Virginie / Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, parution initiale 1788

4 commentaires sur “Paul et Virginie / Bernardin de Saint-Pierre”

  1. Je m’appelle Virginie, mon arrière-grand-mère habitait rue Bernardin de Saint-Pierre, ce livre me tendait les bras… et je n’ai pas du tout aimé ! Trop lyrique, trop romantique, ça m’a gavé
    (Sinon j’ai aussi de mauvais souvenirs de Rousseau au lycée).

  2. J’avoue que j’ai une image un peu niaise de cette histoire, mais ta chronique et celle de Fanny me laissent penser qu’il faudrait quand même que je le lise un jour pour me faire mon avis et peut-être être surprise sur certains points.

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