Le château de Pictordu – George Sand

Le surnaturel plane dans l’ombre de la petite Diane, en route avec son père pour rejoindre leur domicile qu’il occupe avec sa nouvelle épouse après le décès de sa première femme. En route, ils sont contraints de s’arrêter dormir au château de Pictordu, lieu abandonné et en ruine dans laquelle la fillette dit avoir rencontré une femme, élucubrations fantomatiques qui n’émeuvent pas plus le père que ça mais marquent profondément la petite qui gardera un lien très fort avec cette rencontre.

Dans les murmures de la forêt ravie – Philippe Alauzet (Rouergue)

Du noir rural lâché dans un souffle. L’intrigue est resserrée autour d’un loup qui décime les troupeaux, des éleveurs sur les dents, et Agnès, femme sans âge qui n’a jamais quitté la ferme familiale et forme avec son père, Jean, fermier taciturne qui ne s’encombre pas de ce que sa noirceur laisse dans son sillage, un couple forgé dans les non-dits. Une entracte noire à ne pas laisser filer.

Tibi la blanche – Hadrien Bels (L’Iconoclaste)

Thiaroye, dans la banlieue de Dakar. Trois jeunes dakarois sont à deux doigts de connaître les résultats du bac. Une poignée de jours durant lesquels leurs plans de vie se dessinent, se bousculent, s’interpellent. Quelle prise auront-ils avec leur temps, leurs envies, les attentes familiales, leurs possibilités ? Un roman à l’énergie communicative, une très chouette parenthèse de lecture. Rentrée littéraire 2022

Quand tu écouteras cette chanson – Lola Lafon (Stock)

Entendre la parole d’Anne Frank et des fantômes de l’Histoire. Lola Lafon a passé une nuit au Musée Anne Frank à Amsterdam. Cette expérience, qu’elle pensait déjà forte, sera encore plus retentissante qu’elle ne l’imaginait, l’histoire d’Anne Frank résonnant avec sa propre histoire et ses interrogations quant à la condition humaine et féminine. Un texte très fort, édifiant, retentissant, à découvrir absolument. Rentrée littéraire 2022

Le dernier jour d’un condamné – Victor Hugo

Un homme est condamné à mort. On ne sait ni qui il est, ni pourquoi il est là. Tout ce que l’on sait, c’est qu’il vient d’être jugé coupable, qu’il est condamné à mort, et que dans son attente insoutenable et il a choisi de livrer ce qu’il traverse dans son journal, à moins qu’il ne s’agisse de se délivrer de toutes ses introspections à deux doigts de le rendre fou. Victor Hugo pose son plaidoyer contre la peine de mort avec une radicalité qui fait grincer les dents de l’époque. Un texte coup de poing qui n’a malheureusement pas pris une ride.

GPS – Lucie Rico (P.O.L.)

Du dialogue pantelant entre une jeune femme et une géolocalisation énigmatique. Ariane, jeune femme tendance hyper anxieuse est invitée par sa vieille amie Sandrine à ses fiançailles dans un bled de banlieue verte. Pour l’accompagner jusque-là, la géolocalisation est partagée, le point rouge guidant et rassurant son cheminement vers le lieu des festivités. Le lendemain, la future épouse a disparut, mais la géolocalisation est toujours active. Et puis un corps est retrouvé. Un texte bien de chez P.O.L., un peu à part, contemplatif et coup de poing à la fois, interrogeant.

Un coeur simple – Gustave Flaubert

Plongeons dans le dix-neuvième siècle encore neuf, aux côtés de la jeune Félicité, fille de ferme tout juste entrée au service de Madame Aubain à Pont-l’Evêque en Normandie. Avant cela, Félicité aurait pu épouser Théodore, si celui-ci n’avait pas finalement choisi une riche veuve pour sauver ses fesses de la conscription. Les plans changés, elle propose son assistance à la veuve Aubain, auprès de qui elle restera jusqu’au bout, voire même un peu plus. Un texte court et fort où l’on plonge dans une époque, un contexte, des lieux, dans la veine réaliste, et où l’on côtoient aussi les semblables de Flaubert et son cadre de vie.

Alexis, suivi de Le Coup de grâce – Marguerite Yourcenar

Dans une longue lettre, Alexis, un jeune musicien, explique enfin à son épouse Monique, pourquoi il la quitte. Il revient ainsi sur son passé, leur rencontre, et comment il s’est glissé dans un rôle qui n’était pas le sien, enfouissant pudiquement ses propres désirs pour mener la vie conventionnelle que l’on attendait de lui. En faisant cela, il porte de profondes interrogations, sur la condition humaine et sur le visage du monde. Magnifique et chavirant.

Ceux qui trop supportent – Arno Bertina (Verticales)

Pendant quatre ans, Arno Bertina est allé à la rencontre des salariés, a recueilli les témoignages de ce combat des hommes face aux stratégies économiques. Un récit documenté et documentaire à teneur littéraire, une gloire à l’intelligence collective, au poids du groupe solidaire face au poids des deniers. Un sacré boulot, et une lecture absolument nécessaire, surtout en ces temps pré-électoraux…