Ambiance post-apocalyptique soviétique bien poisseuse à Mertvecgorod, petit territoire enclavé entre la Russie et l’Ukraine, qui a tenté de tirer son épingle du jeu à la chute de l’URSS et a décroché son indépendance en mode ouverture sur l’Occident, guerre civile au passage et échappatoires de vie pas tellement plus […]
Catégorie : Littérature française
Dans les murmures de la forêt ravie – Philippe Alauzet (Rouergue)
Du noir rural lâché dans un souffle. L’intrigue est resserrée autour d’un loup qui décime les troupeaux, des éleveurs sur les dents, et Agnès, femme sans âge qui n’a jamais quitté la ferme familiale et forme avec son père, Jean, fermier taciturne qui ne s’encombre pas de ce que sa noirceur laisse dans son sillage, un couple forgé dans les non-dits. Une entracte noire à ne pas laisser filer.
Elsa Triolet / Louis Aragon
Février et ses coeurs cramoisis oblige, les couples littéraires étaient à l’honneur ce mois-ci pour le retour aux classiques impulsé avec panache par Moka et Fanny. Elsa Kagan naît en 1896 à Moscou, Louis Aragon un an plus tard à Paris. Ils se rencontrent en 1928 dans le Paris intello, […]
Bois-aux-renards – Antoine Chainas (Gallimard)
Antoine Chainas est de retour avec un roman noir bien serré où se mêlent mythes carnassiers, ruralité hargneuse, trajectoires à vau-l’eau et passions meurtrières. Ultra addictif !
Tibi la blanche – Hadrien Bels (L’Iconoclaste)
Thiaroye, dans la banlieue de Dakar. Trois jeunes dakarois sont à deux doigts de connaître les résultats du bac. Une poignée de jours durant lesquels leurs plans de vie se dessinent, se bousculent, s’interpellent. Quelle prise auront-ils avec leur temps, leurs envies, les attentes familiales, leurs possibilités ? Un roman à l’énergie communicative, une très chouette parenthèse de lecture. Rentrée littéraire 2022
Quand tu écouteras cette chanson – Lola Lafon (Stock)
Entendre la parole d’Anne Frank et des fantômes de l’Histoire. Lola Lafon a passé une nuit au Musée Anne Frank à Amsterdam. Cette expérience, qu’elle pensait déjà forte, sera encore plus retentissante qu’elle ne l’imaginait, l’histoire d’Anne Frank résonnant avec sa propre histoire et ses interrogations quant à la condition humaine et féminine. Un texte très fort, édifiant, retentissant, à découvrir absolument. Rentrée littéraire 2022
Le dernier jour d’un condamné – Victor Hugo
Un homme est condamné à mort. On ne sait ni qui il est, ni pourquoi il est là. Tout ce que l’on sait, c’est qu’il vient d’être jugé coupable, qu’il est condamné à mort, et que dans son attente insoutenable et il a choisi de livrer ce qu’il traverse dans son journal, à moins qu’il ne s’agisse de se délivrer de toutes ses introspections à deux doigts de le rendre fou. Victor Hugo pose son plaidoyer contre la peine de mort avec une radicalité qui fait grincer les dents de l’époque. Un texte coup de poing qui n’a malheureusement pas pris une ride.
GPS – Lucie Rico (P.O.L.)
Du dialogue pantelant entre une jeune femme et une géolocalisation énigmatique. Ariane, jeune femme tendance hyper anxieuse est invitée par sa vieille amie Sandrine à ses fiançailles dans un bled de banlieue verte. Pour l’accompagner jusque-là, la géolocalisation est partagée, le point rouge guidant et rassurant son cheminement vers le lieu des festivités. Le lendemain, la future épouse a disparut, mais la géolocalisation est toujours active. Et puis un corps est retrouvé. Un texte bien de chez P.O.L., un peu à part, contemplatif et coup de poing à la fois, interrogeant.
Sur l’eau – Maupassant
En 1888, Maupassant décide de prendre le large et embarque à bord de son yacht, le Bel-Ami, pour sillonner la Côte d’Azur. Au fil des jours, de son périple, de ses escales, de ses pensées, il rédige un récit de voyage entre navigation de plaisance et digressions bien senties.
Kukum / Michel Jean (Dépaysage)
Michel Jean est issu de la communauté innue de Mashteuiatsh, du côté du lac Saint-Jean au Québec. Par sa plume, sa kukum – sa grand-mère – se raconte. Orpheline québécoise née en 1882, élevée par un couple de fermiers, elle tombe folle amoureuse d’un innu à l’adolescence et quitte très […]
Un coeur simple – Gustave Flaubert
Plongeons dans le dix-neuvième siècle encore neuf, aux côtés de la jeune Félicité, fille de ferme tout juste entrée au service de Madame Aubain à Pont-l’Evêque en Normandie. Avant cela, Félicité aurait pu épouser Théodore, si celui-ci n’avait pas finalement choisi une riche veuve pour sauver ses fesses de la conscription. Les plans changés, elle propose son assistance à la veuve Aubain, auprès de qui elle restera jusqu’au bout, voire même un peu plus. Un texte court et fort où l’on plonge dans une époque, un contexte, des lieux, dans la veine réaliste, et où l’on côtoient aussi les semblables de Flaubert et son cadre de vie.
Alexis, suivi de Le Coup de grâce – Marguerite Yourcenar
Dans une longue lettre, Alexis, un jeune musicien, explique enfin à son épouse Monique, pourquoi il la quitte. Il revient ainsi sur son passé, leur rencontre, et comment il s’est glissé dans un rôle qui n’était pas le sien, enfouissant pudiquement ses propres désirs pour mener la vie conventionnelle que l’on attendait de lui. En faisant cela, il porte de profondes interrogations, sur la condition humaine et sur le visage du monde. Magnifique et chavirant.
Les yeux bleus, cheveux noirs – Marguerite Duras
Une histoire croisée d’amants qui se mue en huis clos inassouvi en bord de mer. Une histoire d’amour déjà, en sauce Marguerite Duras, on est adepte ou pas. In fine plus que d’amour il s’agit davantage de désir, et d’un certain désespoir, à en devenir fou.
Ma cruauté – François Bégaudeau (Verticales)
Après le passage à tabac (de contrebande) qu’il a subit dans le Masque et la plume, il me tenait à cœur de profiter de la tribune offerte par Ca sent le book pour défendre et réhabiliter ce qui est sûrement l’un des meilleurs livres de ce printemps.
Ceux qui trop supportent – Arno Bertina (Verticales)
Pendant quatre ans, Arno Bertina est allé à la rencontre des salariés, a recueilli les témoignages de ce combat des hommes face aux stratégies économiques. Un récit documenté et documentaire à teneur littéraire, une gloire à l’intelligence collective, au poids du groupe solidaire face au poids des deniers. Un sacré boulot, et une lecture absolument nécessaire, surtout en ces temps pré-électoraux…
Une sortie honorable- Eric Vuillard (Actes Sud)
Dans un nouveau récit, le goncourisé Eric Vuillard revient sur le conflit en Indochine, phase importante du déclin colonial français sur lequel les manuels d’histoire s’étendent peu, désignant les responsables et les responsabilités dans son style habituel et définissant avec une concision remarquable le champ des tenants et des aboutissants.
Le remède imprévu – Minette
« Ovide Rompardeau était un fringant cavalier lorsqu’il épousa l’ardente Emilie Rossignol, et, pendant les premiers mois de son ménage, il faisait, en compagnie de sa femme, de nombreux kilomètres sur la route de Cythère. Mais, à marcher de ce train-là, le pauvre garçon fut bientôt fourbu et il ralentit considérablement […]
La morale des sens – Vicomte de Mirabeau (Libretto)
Les classiques Olé Olé sont ce mois-ci à l’honneur. Ici un gentillet roman libertin du dix-huitième siècle, par le frère du comte de Mirabeau himself, où l’on suit un jeune homme au fil de ses amours, rencontres, séduction entre deux portes, ou comment les gens de bonne famille occupent leur temps à jouer des coudes pour recueillir les faveurs de l’une ou l’autre. Eau de rose un chouïa pimentée, belles trouvailles dans les tournures et gravures dans le jus de l’époque au menu.
Plexiglas mon amour – Eric Chauvier (Allia)
Il va y avoir beaucoup, vraiment beaucoup de livres dont les thèmes seront axés autour de cette dernière pandémie. Et je m’étais promis que je n’en lirai aucun, parce que c’est vraiment une solution de facilité pour la création. Mais quand c’est Eric Chauvier qui vient proposer un livre sur ce thème, je change d’avis, je suis tenté de lui faire confiance.
Blizzard – Marie Vingtras (Editions de l’Olivier)
Alaska. Une tempête s’apprête à faire fureur. Les quelques habitants du bled où nous propulse l’autrice se préparent à se calfeutrer durant plusieurs jours. C’est aussi à ce moment-là que Bess, à l’extérieur, refait ses lacets et perd de vue le garçon de 10 ans qui l’accompagnait. Un huis clos balèze et bien senti en pleine nature qui se mue en portraits de vie, destins contrariés qui imposent des gestes ou en fuir d’autres.