Un récit glaçant et bouleversant, très sobre, où les silences feutrent les pensées, les désirs, l’ambiguïté, le tragique qui se tisse, accompagné d’autres textes qui le sont tout autant. Un recueil qui laisse sans voix à de multiples reprises, un grand bouleversement.
Catégorie : Littérature française
Nous sommes les chasseurs – Jérémy Fel
Du noir pur jus pour qui aime les esprits tortueux, les histoires labyrinthiques, ou quand la part sombre jusqu’alors amadouée, refoulée, planquée, se fait la belle. En 3 romans, Jérémy Fel se pose là dans le paysage du roman noir. Après Les loups à leur porte, premier roman en 2015, […]
La Dame pâle -Alexandre Dumas
Dumas vs Dickens pour la battle estivale du challenge Les classiques c’est fantastique joyeusement impulsé chaque mois par Moka et Fanny. Du pavé en perspective donc, sauf que n’étant pas spécialement férue de Dumas à la base, et n’ayant pas particulièrement envie d’un pavé classique ce mois-ci, même si j’aime […]
Le château de Pictordu – George Sand
Le surnaturel plane dans l’ombre de la petite Diane, en route avec son père pour rejoindre leur domicile qu’il occupe avec sa nouvelle épouse après le décès de sa première femme. En route, ils sont contraints de s’arrêter dormir au château de Pictordu, lieu abandonné et en ruine dans laquelle la fillette dit avoir rencontré une femme, élucubrations fantomatiques qui n’émeuvent pas plus le père que ça mais marquent profondément la petite qui gardera un lien très fort avec cette rencontre.
Quinzinzinzili – Régis Messac
Un gaz hilarant mortel balaye l’humanité à l’exception de quelques survivants dont une poignée d’enfants et leur précepteur partis visité une grotte. Régis Messac imagine la quête de nourriture et d’eau, les pouvoirs qui s’instaurent, le langage qui mute… Une dystopie publiée en 1935 qui n’a pas pris une ride.
Valentina – Christophe Siébert (Au Diable Vauvert)
Ambiance post-apocalyptique soviétique bien poisseuse à Mertvecgorod, petit territoire enclavé entre la Russie et l’Ukraine, qui a tenté de tirer son épingle du jeu à la chute de l’URSS et a décroché son indépendance en mode ouverture sur l’Occident, guerre civile au passage et échappatoires de vie pas tellement plus […]
Dans les murmures de la forêt ravie – Philippe Alauzet (Rouergue)
Du noir rural lâché dans un souffle. L’intrigue est resserrée autour d’un loup qui décime les troupeaux, des éleveurs sur les dents, et Agnès, femme sans âge qui n’a jamais quitté la ferme familiale et forme avec son père, Jean, fermier taciturne qui ne s’encombre pas de ce que sa noirceur laisse dans son sillage, un couple forgé dans les non-dits. Une entracte noire à ne pas laisser filer.
Elsa Triolet / Louis Aragon
Février et ses coeurs cramoisis oblige, les couples littéraires étaient à l’honneur ce mois-ci pour le retour aux classiques impulsé avec panache par Moka et Fanny. Elsa Kagan naît en 1896 à Moscou, Louis Aragon un an plus tard à Paris. Ils se rencontrent en 1928 dans le Paris intello, […]
Bois-aux-renards – Antoine Chainas (Gallimard)
Antoine Chainas est de retour avec un roman noir bien serré où se mêlent mythes carnassiers, ruralité hargneuse, trajectoires à vau-l’eau et passions meurtrières. Ultra addictif !
Tibi la blanche – Hadrien Bels (L’Iconoclaste)
Thiaroye, dans la banlieue de Dakar. Trois jeunes dakarois sont à deux doigts de connaître les résultats du bac. Une poignée de jours durant lesquels leurs plans de vie se dessinent, se bousculent, s’interpellent. Quelle prise auront-ils avec leur temps, leurs envies, les attentes familiales, leurs possibilités ? Un roman à l’énergie communicative, une très chouette parenthèse de lecture. Rentrée littéraire 2022
Quand tu écouteras cette chanson – Lola Lafon (Stock)
Entendre la parole d’Anne Frank et des fantômes de l’Histoire. Lola Lafon a passé une nuit au Musée Anne Frank à Amsterdam. Cette expérience, qu’elle pensait déjà forte, sera encore plus retentissante qu’elle ne l’imaginait, l’histoire d’Anne Frank résonnant avec sa propre histoire et ses interrogations quant à la condition humaine et féminine. Un texte très fort, édifiant, retentissant, à découvrir absolument. Rentrée littéraire 2022
Le dernier jour d’un condamné – Victor Hugo
Un homme est condamné à mort. On ne sait ni qui il est, ni pourquoi il est là. Tout ce que l’on sait, c’est qu’il vient d’être jugé coupable, qu’il est condamné à mort, et que dans son attente insoutenable et il a choisi de livrer ce qu’il traverse dans son journal, à moins qu’il ne s’agisse de se délivrer de toutes ses introspections à deux doigts de le rendre fou. Victor Hugo pose son plaidoyer contre la peine de mort avec une radicalité qui fait grincer les dents de l’époque. Un texte coup de poing qui n’a malheureusement pas pris une ride.
GPS – Lucie Rico (P.O.L.)
Du dialogue pantelant entre une jeune femme et une géolocalisation énigmatique. Ariane, jeune femme tendance hyper anxieuse est invitée par sa vieille amie Sandrine à ses fiançailles dans un bled de banlieue verte. Pour l’accompagner jusque-là, la géolocalisation est partagée, le point rouge guidant et rassurant son cheminement vers le lieu des festivités. Le lendemain, la future épouse a disparut, mais la géolocalisation est toujours active. Et puis un corps est retrouvé. Un texte bien de chez P.O.L., un peu à part, contemplatif et coup de poing à la fois, interrogeant.
Sur l’eau – Maupassant
En 1888, Maupassant décide de prendre le large et embarque à bord de son yacht, le Bel-Ami, pour sillonner la Côte d’Azur. Au fil des jours, de son périple, de ses escales, de ses pensées, il rédige un récit de voyage entre navigation de plaisance et digressions bien senties.
Kukum / Michel Jean (Dépaysage)
Michel Jean est issu de la communauté innue de Mashteuiatsh, du côté du lac Saint-Jean au Québec. Par sa plume, sa kukum – sa grand-mère – se raconte. Orpheline québécoise née en 1882, élevée par un couple de fermiers, elle tombe folle amoureuse d’un innu à l’adolescence et quitte très […]
Un coeur simple – Gustave Flaubert
Plongeons dans le dix-neuvième siècle encore neuf, aux côtés de la jeune Félicité, fille de ferme tout juste entrée au service de Madame Aubain à Pont-l’Evêque en Normandie. Avant cela, Félicité aurait pu épouser Théodore, si celui-ci n’avait pas finalement choisi une riche veuve pour sauver ses fesses de la conscription. Les plans changés, elle propose son assistance à la veuve Aubain, auprès de qui elle restera jusqu’au bout, voire même un peu plus. Un texte court et fort où l’on plonge dans une époque, un contexte, des lieux, dans la veine réaliste, et où l’on côtoient aussi les semblables de Flaubert et son cadre de vie.
Alexis, suivi de Le Coup de grâce – Marguerite Yourcenar
Dans une longue lettre, Alexis, un jeune musicien, explique enfin à son épouse Monique, pourquoi il la quitte. Il revient ainsi sur son passé, leur rencontre, et comment il s’est glissé dans un rôle qui n’était pas le sien, enfouissant pudiquement ses propres désirs pour mener la vie conventionnelle que l’on attendait de lui. En faisant cela, il porte de profondes interrogations, sur la condition humaine et sur le visage du monde. Magnifique et chavirant.
Les yeux bleus, cheveux noirs – Marguerite Duras
Une histoire croisée d’amants qui se mue en huis clos inassouvi en bord de mer. Une histoire d’amour déjà, en sauce Marguerite Duras, on est adepte ou pas. In fine plus que d’amour il s’agit davantage de désir, et d’un certain désespoir, à en devenir fou.
Ma cruauté – François Bégaudeau (Verticales)
Après le passage à tabac (de contrebande) qu’il a subit dans le Masque et la plume, il me tenait à cœur de profiter de la tribune offerte par Ca sent le book pour défendre et réhabiliter ce qui est sûrement l’un des meilleurs livres de ce printemps.
Ceux qui trop supportent – Arno Bertina (Verticales)
Pendant quatre ans, Arno Bertina est allé à la rencontre des salariés, a recueilli les témoignages de ce combat des hommes face aux stratégies économiques. Un récit documenté et documentaire à teneur littéraire, une gloire à l’intelligence collective, au poids du groupe solidaire face au poids des deniers. Un sacré boulot, et une lecture absolument nécessaire, surtout en ces temps pré-électoraux…