Stanley Greene. Une vie à vif / JD Morvan & Tristan Fillaire (Delcourt)

Excellente BD qui retrace la vie du photojournaliste Stanley Greene. Gamin de Brooklyn ayant frayé avec les Black Panthers puis dans les milieux punks dans les années 70, il rencontre le photographe Eugène Smith durant une phase descendante de dope et apprend dans les pas du maître à utiliser son appareil comme un outil en désacralisant l’objet au profit de la photo et de son sujet.

Photographe de mode réputé mais frustré, Greene verra sa carrière prendre un virage à 180° en suivant le journaliste et photographe Alain Dister à Berlin en 1989 lors de la chute du mur. Il passera alors à l’est et prendra une grosse claque qui déterminera la suite.

Très chouette biopic où JD Morvan s’efface au profit de Greene qui prend la parole « post-mortem ». Nous suivons cet homme engagé et entier, dont le flair lui aura valu de belles rencontres et des changements de caps déterminants. On balaye ainsi son apprentissage, ses révélations, ses amours, et puis surtout ses pérégrinations, soulignées de photographies in situ. Tchétchénie, Rwanda, Nouvelle-Orléans post-Katrina, Liban, Irak, Soudan, Greene voulait aller là où les choses se passaient, saisir ce qui se jouait, les déchirements, et ne surtout pas détourner le regard.

« J’ai crevé de peur en Mauritanie, d’admiration dans le Caucase, de chagrin au Soudan, d’amour à Paris, déchiqueté à Moscou, de désespoir au Rwanda, de penumonie ou d’un truc dans le genre en Tchétchénie, par balle à Grozny, de dégoût à Rostov-sur-le-Don, de tristesse en Afghanistan, de désir en Russie, d’essoufflement en Irak, noyé à La Nouvelle-Orléans, d’injustice au Liban, de tendresse au Darfour, et pour finir, dans l’ombre en Afghanistan. »

Au dessin, Tristan Fillaire brille par sa faculté à se glisser dans le sillage du photographe, avec une mise en images réaliste qui restitue parfaitement l’atmosphère des époques et des lieux, qui s’enchevêtrent ici, avec des incursions de photographies de Greene qui mettent en lumière la violence du monde, comme le voulait Greene en somme. Vraiment bien vu !

 

 

Stanley Greene
Une vie à vif
scénario Jean-David Morvan
dessin Tristan Fillaire
Delcourt
2020
126 pages

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9 commentaires sur “Stanley Greene. Une vie à vif / JD Morvan & Tristan Fillaire (Delcourt)”

  1. Des planches grises et sombres… Un thème qui pourrait me parler d’autant que j’en connais très peu sur Stanley Greene.
    Merci pour tes propositions venant souvent piquer à vif ma curiosité !

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