En 1920, Zamiatine rédigeait ainsi le journal d’un certain D-503, ingénieur participant à la construction de L’intégral, vaisseau spatial destiné à prêcher le sacro-saint bonheur à travers l’univers, bonheur dont les hommes du futur ont, selon eux, trouvé la recette-clé, nichée dans une rationalisation à toute épreuve et une déshumanisation aux petits oignons. Pensée unique, totalitarisme, et de fait liberté zéro représentent ainsi la satisfaction suprême dans un monde où tout est millimétré, dans un cocon voluptueusement garni de racines carrées et de réflexions savamment mûries.
Étiquette : Littérature russe
Le Maître et Marguerite – Mikhaïl Boulgakov
Dans Le Maître et Marguerite, Boulgakov revisite le mythe de Faust en faisant déambuler le Diable dans Moscou, sous les traits d’un Wolang prestidigitateur ès magie noire qui n’en finit pas de semer le trouble à travers la ville, avec dans son sillage ses acolytes démoniaques Koroviev, Azazel, ou Béhémot, un chat presque humain et tout aussi amateur de cognac. Leur venue renverse les codes, fait tomber les têtes, octroie à certains un petit séjour à l’hôpital psychiatrique, vide les caisses, enfumant tous ceux qu’y s’y frottent de près ou de loin. Un texte tourbillonnant, impressionnant et magnifique.