Tribulations d’un précaire – Iain Levison

Iain Levison a fait des études de lettres. Le genre d’études qui ne mènent pas à grand chose si l’on ne veut pas être prof ou chercheur… C’était il y a quelques années déjà. Visiblement, rien n’a changé. 

Il a cherché du travail, n’en a pas trouvé, enfin pas d’emploi fixe du moins. Alors il a multiplié les emplois, toutes ces expériences censées vous en apprendre beaucoup sur le papier, vous promettre à une grande carrière selon les employeurs lors de l’entretien, vous ouvrir des portes selon les sociétés de recruteurs.
Pendant dix ans il a sillonné les Etats-Unis dans ce qu’ils ont de plus précaires, avant de devenir menuisier, et de poser un regard acide dans un premier livre relatant toutes ces fausses promesses professionnelles. 

Dix ans comme préparateur de poisson, déménageur, serveur, peintre en bâtiment, commercial, pêcheur en Alaska, livreur de fuel… 42 jobs au total… Des compétences qui s’accumulent et ne mènent qu’à s’interroger sur les hypothétiques efforts des gouvernants à sortir la population de leur situation chancelante.

Iain Levison met le doigt sur la précarité ambiante, sur l’hypocrisie continuelle et à peine camouflée, sur le manque d’honnêteté évidente des sociétés qui ont le « pouvoir » d’employer et de virer, jouant sur les mots, multipliant les pages de règlements au sein de l’entreprise. 

On s’offusque évidemment et on rit aussi. Parce qu’il faut bien. Parce qu’il reste au moins ça. L’humour grinçant.

« Au cours des dix dernières années, j’ai eu quarante-deux emplois dans six États différents. J’en ai laissé tomber trente, on m’a viré de neuf, quant aux trois autres, ç’a été un peu confus. C’est parfois difficile de dire exactement ce qui s’est passé, vous savez seulement qu’il vaut mieux ne pas vous représenter le lendemain.
Sans m’en rendre compte, je suis devenu un travailleur itinérant, une version moderne du Tom Joad des Raisins de la colère. À deux différences près. Si vous demandiez à Tom Joad de quoi il vivait, il vous répondait : “Je suis ouvrier agricole”. Moi, je n’en sais rien. L’autre différence, c’est que Tom Joad n’avait pas fichu 40 000 dollars en l’air pour obtenir une licence de lettres. « 
A découvrir également, les autres romans de Iain Levison, entre lutte des classes, précarité, survie, petits gangsters, toujours avec le même ton acerbe, et l’humour et la moquerie ne sont jamais bien loin. 

Tribulations d’un précaire – de Iain Levison. Editions Liana Lévi. 2007

2 commentaires sur “Tribulations d’un précaire – Iain Levison”

  1. Ce livre donne envie! Il faut dire qu’il n’est pas sans me rappeler ma propre situation, hmm hmm…
    Ahhh les études de Lettres… On se passionne pendant quelques années et on rame les suivantes 😀

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