Alper Kamu a 5 ans. Un genre d’enfant prodige sacrément mûr pour son âge, philosophe à ses heures qui n’a pas la langue dans sa poche. Viré de l’école maternelle, il est désormais gardé par Hatice Abla, qui fait davantage office de baby-sitter que d’éducatrice. S’il n’est pas contre s’installer sur ses genoux l’air de rien, Alper est surtout très occupé à dénouer tout ce qui lui semble louche dans son quartier. Il se pose beaucoup de questions, sur l’état du monde, le comportement des adultes et se donne à cœur joie de mettre à mal leurs contradictions.
Dans ce roman, deuxième tome des aventures du minot, son oncle Nebi Bey vient de décéder suite à une attaque. Lorsqu’Alper retrouve des photos d’une autre femme que sa tante dans l’armoire, il décide de faire la lumière sur de vieux secrets de famille enfouis.
« Comme un chat je me suis faufilé doucement jusqu’au salon. Mon père ne s’est même pas aperçu que j’étais auprès de lui. Assis là, son verre de raki à la main, il avait le regard figé sur des lieux très anciens. A la lueur de la lune, ses yeux bleus brillaient plus que jamais. L’eau reflète la lumière, en effet. Jusqu’à ce jour, jamais je n’avais vu un tel chagrin sur le visage d’une personne. »
Parallèlement, nous suivons la vie du quartier, les allers-venues des habitants et les enfants qui s’organisent en clans et se cherchent des noises dans une ambiance Guerre des boutons, notamment pour une histoire de Düldül (genre de voiture à pédale) pleine de rebondissements. Et puis il y a ce petit nouveau dans le quartier qui dit avoir tué son frère…
Pas mal de mystères à lever et d’affaires à régler donc pour le petit Alper qui a un don pour faire tourner en bourrique la boutique et arriver à ses fins.
Un roman à la sauce turque sympa à lire, qui se lit d’une traite tout en soulevant au passage pas mal de sujets intéressants, de questions de société liées à la politique ou à la religion notamment. Alper Caniguz pose un regard à la fois tendre et cynique sur son pays. Pour ma part je me suis assez vite lassée. Le roman, pourtant court, observe quelques longueurs à travers des scènes un peu trop décrites, on a peu l’impression de faire du sur-place par moment. Ce deuxième tome des aventures du petit Alper Kamu (bel hommage au passage) peut tout à fait se lire indépendamment, mais il peut être de bon ton de commencer par le premier, L’assassinat d’Hicabi Bey, pour en saisir toute la saveur.
Une fleur en enfer / Alper Canigüz. Mirobole, 2015
Paru également au Livre de poche
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