Des malades en phase terminale qui fuient l’hôpital pour se suicider. Des cancers foudroyants développés après avoir rencontré une mystérieuse galeriste. Le capitaine Javier et le lieutenant Plancher, collègues et amants, se jettent à corps perdus sur ces étranges disparitions qui présentent trop de coïncidences. Et pendant ce temps, le mal se propage, un DRH retord se laisse aller au romantisme au risque d’y rester, et notre serial-killeuse ne cesse de rayonner.
« Certains ont accepté ce qu’ils ont découvert. D’autres ont nié. Quelques-uns ont été reconnaissants. Parfois même au point de me vouer un culte absurde. Il y en a qui m’en ont voulu. Ce qui est compréhensible. Je vous l’ai dit, il existe à peu près tous les cas de figure. »
Visiblement, Antoine Chainas aime décrire la rudesse, la violence des relations, le rapport au corps et à la chair, quitte à être cru. Chez lui, tout le monde est borderline à un moment ou à un autre, ce qui pend au nez de tout un chacun, il le fait exploser sans vergogne. De son écriture, il embarque le lecteur dans un corps à corps musclé et sulfureux. C’est à la fois froid et passionné, glauque et destructeur, fougueux et poisseux, avec l’auteur tapi dans l’ombre pour nous montrer ce que le monde a de plus noir. Et quelque part aussi, une histoire d’amour, folle et belle comme la mort.
Très bonne surprise, belle découverte, un auteur à découvrir et à suivre,
mais que les âmes sensibles s’abstiennent, elles pourraient être un brin dérangées…
« Maintenant, je suis là, assis au bord du lit. Tes yeux sont fermés. Le pronostic est réservé. Ils parlent d’un collapsus foudroyant. Ils disent que tu aurais dû venir avant. Ils savent pas ce qu’on fait, dans la vie, pour croûter ? Ils savent pas ? Ils parlent d’un empoisonnement possible. Empoisonnement à quoi, mystère. En fait, ils savent rien. Ils ont jamais rien su, ces types en blouse blanche, à part réparer, cautériser, prolonger le calvaire. Avec un truc pareil, c’est couru d’avance : les collègues vont pas tarder à rappliquer et à ce moment, ça va commencer à être coton. Je pourrai plus venir te voir autant que je voudrai, tu comprends ? Mais pour l’instant je suis là et je te parle. Je te dis les dernières choses importantes avant qu’il ne reste plus rien.
Tu peux pas partir maintenant, parce que j’ai pas fini de t’aimer, tu entends ?
Tu peux pas partir maintenant parce qu’il y a un putain de miracle qui va arriver.
Tu peux pas partir parce que je vais te donner mes larmes, je vais te donner mon sang, mes tripes, ma chair. Tout ce que je possède. Tout ce que j’ai de plus beau. Encore. Encore. Et si ça suffit pas, je te donnerai aussi tout ce qui n’est pas à moi. »
Une histoire d’amour radioactive / Antoine Chainas. Gallimard (Série noire). 2010
Paru aussi en poche (Folio)
(Challenge Thrillers et polars #02)