15 titres de la rentrée littéraire (2017) à garder à l’oeil

Nous sommes déjà mi-octobre mais la rentrée littéraire n’est pas encore terminée puisque quelques titres viennent à peine de paraître, et sur 581 titres, tous ne sont pas encore prêts d’être lus d’ailleurs. De votre côté, vous avez sans doute déjà cédé à quelques tentations, découvert des pépites ou rencontré des déceptions. Vous cherchez peut-être maintenant à renouveler votre stock et il est donc plus que jamais le moment d’appâter vos sens avec une sélection de titres à ne pas laisser passer entre les mailles du filet. Bonne lecture.

Quand les laissés-pour-compte s’unissent… en pleine forêt

Le camp des autres / Thomas Vinau. Alma

Gaspard et son chien s’enfuient dans la forêt. L’enfant a peur, il a froid, il a faim, il court, il trébuche, il se cache. Il est blessé. Un homme le recueille. Qui est ce Jean-le-blanc ? Un sorcier, un contrebandier, un professeur ? Avec lui, et d’autres récalcitrants – ceux de la Caravane à Pépère qui défraya la chronique au début du XXe siècle – Gaspard va découvrir la vie en marchant sur le monde.

Une autre vision du steack en barquette

Jusqu’à la bête / Timothée Demeillers. Asphalte

Erwan est ouvrier dans un abattoir près d’Angers. Il travaille aux frigos de ressuage, dans un froid mordant, au rythme des carcasses qui s’entrechoquent sur les rails. Une vie à la chaîne parmi tant d’autres, vouées à alimenter la grande distribution en barquettes et brochettes. Répétition des tâches, des gestes et des discussions, cadence qui ne cesse d’accélérer… Pour échapper à son quotidien, Erwan songe à sa jeunesse, passée dans un lotissement en périphérie de la ville, à son histoire d’amour avec Laëtitia, saisonnière à l’abattoir, mais aussi à ses angoisses, ravivées par ses souvenirs. Et qui le conduiront à commettre l’irréparable.

Fable hyper contemporaine

La vie sauvage / Thomas Gunzig. Au Diable Vauvert

Bébé rescapé d’un accident d’avion, Charles grandit dans la jungle africaine. Retrouvé par hasard le jour de ses seize ans et ramené à sa famille, il va découvrir les misères de la civilisation dans une petite ville du nord de l’Europe. La rage au ventre, il mettra tout en oeuvre pour retourner d’où il vient et où l’attend l’amour de sa vie.

Entre hallucination et manipulation génétique : L’éléphant rose n’est plus un mythe

Elephant / Martin Suter. Bourgois

Dans une grotte près de Zurich, Schoch, un sans-abri, découvre un jour un petit animal improbable, un éléphant rose et luminescent. Une seule personne sait comment la petite créature est née et d’où elle vient : le généticien Roux. Il aimerait en faire un événement mondial, une sensation. Mais il lui a été dérobé. Kaung, un Birman, l’un de ceux qui chuchotent à l’oreille des éléphants, a accompagné la naissance de l’animal et estime qu’un être pareil doit être caché et protégé.

Polar marécageux dans toute sa splendeur

Le diable en personne / Peter Farris. Gallmeister

En pleine forêt de Géorgie du Sud, au milieu de nulle part, Maya échappe in extremis à une sauvage tentative d’assassinat. Dix-huit ans à peine, victime d’un vaste trafic de prostituées régi par le redoutable Mexico, elle avait eu le malheur de devenir la favorite du maire et de découvrir ainsi les sombres projets des hauts responsables de la ville. Son destin semblait scellé mais c’était sans compter sur Leonard Moye, un type solitaire et quelque peu excentrique, qui ne tolère personne sur ses terres et prend la jeune femme sous sa protection. Une troublante amitié naît alors entre ces deux êtres rongés par la colère.

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Pavé labyrinthique monumental

Jerusalem / Alan Moore. Inculte

Alan Moore a conçu un récit-monde où le moindre geste, la moindre pensée, laissent une trace vivante, une empreinte mobile que chacun peut percevoir à mesure que les temps semblent se convulser. Il transforme la ville de Northampton en creuset originel, dans lequel il plonge les brûlants destins de ses nombreux personnages. Roman de la démesure et du cruellement humain, Jérusalem est une expérience chamanique au cœur de nos mémoires et de nos aspirations. Entre la gloire et la boue coule une voix protéiforme, celle du barde Moore, au plus haut de son art.

Triple meurtre pas si élucidé

La serpe / Philippe Jaenada. Julliard

Un matin d’octobre 1941, dans un château sinistre au fin fond du Périgord, Henri Girard appelle au secours : dans la nuit, son père, sa tante et la bonne ont été massacrés à coups de serpe. Il est le seul survivant. Toutes les portes étaient fermées, aucune effraction n’est constatée. Dépensier, arrogant, violent, le jeune homme est l’unique héritier des victimes. Deux jours plus tôt, il a emprunté l’arme du crime aux voisins. Pourtant, au terme d’un procès retentissant (et trouble par certains aspects), il est acquitté et l’enquête abandonnée. Alors que l’opinion publique reste convaincue de sa culpabilité, Henri s’exile au Venezuela. Il rentre en France en 1950 avec le manuscrit du Salaire de la peur, écrit sous le pseudonyme de Georges Arnaud.

Roman noir tempétueux

Ils ont voulu nous civiliser / Marin Ledun. Flammarion

Thomas Ferrer n’est pas un truand. Pas vraiment. Les petits trafics lui permettent de sortir la tête de l’eau, même si la vie n’a pas été tendre avec lui. De petits larcins en détournements de ferraille, le voilà face à face avec un truand, un vrai cette fois. Celui-ci, laissé pour mort par Ferrer, embarque deux frères assoiffés de vengeance à la poursuite de son agresseur. La traque sera sans pitié, alors qu’une puissante tempête s’abat sur la région.

Il y a des jours comme ça…

A malin, malin et demi / Richard Russo. Quai Voltaire

Quand Douglas Raymer était collégien, son professeur d’anglais écrivait en marge de ses rédactions : « Qui es-tu, Douglas ? » Trente ans plus tard, Raymer n’a pas bougé de North Bath, et ne sait toujours pas répondre à la question. Dégarni, enclin à l’embonpoint, il est veuf d’une femme qui s’apprêtait à le quitter. Pour qui ? Voilà une autre question qui torture ce policier à l’uniforme mal taillé. De l’autre côté de la ville, Sully, vieux loup de mer septuagénaire, passe sa retraite sur un tabouret de bar, à boire, fumer et tenter d’encaisser le diagnostic des cardiologues : « Deux années, grand maximum. » Raymer et Sully sont les deux piliers branlants d’une ville bâtie de travers. Quand un mur de l’usine s’écroule, tous ses habitants – du fossoyeur bègue au promoteur immobilier véreux, en passant par la femme du maire et sa case en moins – sont pris dans la tempête. De courses-poursuites en confessions, de bagarres en révélations, Raymer, Sully et les autres vont apprendre à affronter les grandes misères de leurs petites existences.

Ballade irlandaise pour les amateurs de Ken Loach

Vera / Karl Geary. Rivages

Sonny est un jeune Irlandais de seize ans. Bien sûr, il veut échapper au destin sans horizon qui l’attend. Lorsqu’il croise le regard de Vera, sa beauté lui donne immédiatement le vertige. Elle vit dans les quartiers chics de Dublin, dans un monde étranger à Sonny. Elle ne dit jamais son âge. Elle parle peu. Mais elle sait l’écouter comme personne ne l’a jamais fait. Vera et Sonny vont vivre une histoire. Intense, dévastatrice et sublime. On sait dès les premiers gestes de tendresse que l’état de grâce ne peut durer, mais on est emporté par la puissance émotionnelle de ce roman, magnifique chant d’amour.

Noir soixante-huitard – quand le passé refait surface

Par le vent pleuré / Ron Rash. Seuil

Dans une petite ville paisible des Appalaches, la rivière vient de déposer sur la grève une poignée d’ossements ayant appartenu à une jeune femme dont personne n’avait plus entendu parler depuis des décennies.

Été 1969. Ligeia débarque de Floride avec l’insouciance et la sensualité de sa jeunesse, avide de plaisirs et de liberté. C’est l’époque des communautés hippies, du Vietnam, de la drogue, du sexe et du Grateful Dead. Deux frères, Bill et Eugene, qui vivent à l’abri de ces révolutions, sous la coupe d’un grand-père tyrannique et conservateur, se laissent entraîner dans le tourbillon de tentations que leur propose cette sirène enjôleuse. Le temps d’une saison, Ligeia bouleversera de fond en comble leur relation et leur vision du monde, scellant à jamais leur destin avant de disparaître aussi subitement qu’elle était apparue.

Errance moite dans l’Amérique profonde

Nulle part sur la terre / Michael Farris Smith. Sonatine

Une femme marche seule avec une petite fille sur une route de Louisiane. Elle n’a nulle part où aller. Partie sans rien quelques années plus tôt de la ville où elle a grandi, elle revient tout aussi démunie. Elle pense avoir connu le pire. Elle se trompe.

Russel a lui aussi quitté sa ville natale, onze ans plus tôt. Pour une peine de prison qui vient tout juste d’arriver à son terme. Il retourne chez lui en pensant avoir réglé sa dette. C’est sans compter sur le désir de vengeance de ceux qui l’attendent.

Dans les paysages désolés de la campagne américaine, un meurtre va réunir ces âmes perdues, dont les vies vont bientôt ne plus tenir qu’à un fil.

Réunion de famille post-cambriolage

Vulnérables / Richard Krawiec. Tusitala

Lorsque M. et Mme Pike rentrent du travail, ils découvrent leur maison saccagée. Leur fils Billy, l’ancien délinquant, le quadragénaire naufragé qui n’a pas vu sa famille depuis des années, se retrouve à devoir veiller sur ses parents traumatisés. Et à affronter la ville qui l’a vu basculer.

Un vent d’insurrection

Des châteaux qui brûlent / Arno Bertina. Verticales

Des châteaux qui brûlent raconte la séquestration d’un secrétaire d’État par les salariés d’un abattoir placé en liquidation judiciaire. Arno Bertina y fait résonner la parole singulière de toutes les forces en présence-comment elles s’affrontent et libèrent des puissances insoupçonnées. Dans le huis clos de l’usine occupée, chacun se découvre du souffle. Ce roman dit les heurts et bonheurs d’une insurrection aujourd’hui.

Parenthèse jamaïquaine

By the rivers of Babylon / Kei Miller. Zulma

Augustown, quartier pauvre de Kingston. En cet après-midi d’avril 1982, Kaia rentre de l’école. Ma Taffy l’attend, assise sur sa véranda. La grand-mère n’y voit plus mais elle reconnaît entre toutes l’odeur entêtante, envahissante, de la calamité qui se prépare. Car aujourd’hui, à l’école, M. Saint-Josephs a commis l’irréparable : il a coupé les dreadlocks de Kaia – sacrilège absolu chez les rastafari. Et voilà Ma Taffy qui tremble, elle que pourtant rien n’ébranle, pas même le chef du gang Angola ni les descentes des Babylones, toutes sirènes hurlantes.

Image d’en-tête © Deborah DeWit « Winter’s Late Light »

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4 commentaires sur “15 titres de la rentrée littéraire (2017) à garder à l’oeil”

    1. Ah mais je n’ai pas vu passer la tienne. Je vais aller jeter un oeil 😉 Pour la mienne, j’avoue faire un peu ma sale gosse en mettant des titres moins connus. J’ai lu (et aimé) le dernier Nothomb, mais je ne voyais pas trop l’intérêt de le ici. En revanche, je vais bientôt en faire la chronique.

  1. Je suis en train de lire « Nulle part sur cette terre », on ne peut pas dire que ce soit du « Feel good book » !!! Mais ça me plait beaucoup, mon côté mazo sans doute… « Le camp des autres » que je découvre ici, me tente bien ! Merci pour cette sélection.

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