Le diable en personne – de Peter Farris (Gallmeister)

Etats-Unis, Géorgie du Sud, dans la région d’Atlanta. Deux hommes transportent dans leur coffre une jeune fille. Maya a 18 ans, elle est prostituée pour le compte de Mexico, baron local peu commode. C’est aussi la favorite du Maire et elle en sait désormais trop. Autant dire qu’elle doit disparaître fissa et elle est d’ailleurs sur le point de servir d’en-cas aux alligators.

Sauf que les hommes de main chargés de son sort ont mis les pieds sur les terres de Leonard Moye, un vieux solitaire qui n’apprécie que moyennement la visite. Ancien contrebandier d’alcool bien armé, c’est aussi le genre de personnage qui fait jaser à force de trimballer son mannequin partout mais que l’on ne vient pas chatouiller pour autant. Toujours est-il que grâce à lui, Maya échappe a ses ravisseurs et qu’il décide de la prendre sous son aile pour la protéger face à ceux qui comptent bien terminer le travail.

« Willie Watkins fut coffré et conduit à la prison de Trickum County, un énorme bâtiment en aggloméré qui avait le charme inimitable d’un staphylocoque. Il reçut une combinaison en papier, des chaussons connus sous le nom de « Nike » par les récidivistes spirituels du comté, et fut placé dans une cellule de détention pour les ivrognes et les accusés de délits mineurs sans violence.

Pendant ce temps, Chalmers était au téléphone avec l’unique enquêteur du comté, Ronnie Prance. Prance était un vieil inspecteur libidineux avec le coeur fragile et un problème d’alcool. Il fumait deux paquets par jour et avait la déontologie d’un urinoir dans des toilettes de femmes. L’essentiel de son revenu partait en pension alimentaire, le reste en billets de loterie. Il était connu par la plupart de ses pairs comme un parfait connard.

A part ça, c’était un bonheur de travailler avec lui. »

Peter Farris signe ici son deuxième roman, toujours dans le registre du polar américain pur jus, avec des brutes épaisses, des types à la limite du loser dérapant, des magouilles politiques charpentées. Ajoutez à cela la vie dans les petites bourgades, les ragots qui tournent, et la nature omniprésente, la forêt, les marécages, les alligators, les mouches… vous obtenez un polar marécageux diablement efficace, avec beaucoup de rythme, de l’action, des scènes épiques et un certain sens de l’humour. Au coeur de l’agitation, la relation entre le vieil excentrique et la jeune paumée s’impose de façon touchante, sensible, comme une bulle d’air dans l’humidité ambiante.  

Un auteur à découvrir et à suivre !

« Ayant grandit dans l’ombre du plateau de Cumberland, Lambert avait entendu les légendes des bootleggers, dont certains étaient des membres de sa famille, leurs alambics cachés dans les crêtes et les vallées de Gordon County, leurs « camions citernes » remplis à ras bord d’alcool de contrebande. Des hommes qui semaient la police et les agents de la lutte contre le trafic avec un talent qui aurait impressionné n’importe quel pilote de stock-car aujourd’hui. »

Le diable en personne / Peter Farris. Gallmeister, rentrée littéraire 2017

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