Ça nous apprendra à naître dans le Nord – Amandine Dhée & Carole Fives

Un autre petit tour du côté de La Contre Allée, avec encore une fois Amandine Dhée dans les parages. Cette fois, elle est en compagnie de Carole Fives qui a notamment écrit un recueil de nouvelles Quand nous serons heureux aux éditions Le Passage, livre que je suis d’ailleurs en train de lire…

La Contre Allée est un éditeur implanté dans le quartier de Lille Fives qui s’intéresse aux questions liées au territoire et à la mémoire. Des résidences sont organisées, proposées à des auteurs pour qu’ils puissent se poser à Fives et s’interroger sur la ville, son histoire culturelle, industrielle, sociale.

Amandine Dhée et Carole Fives se retrouvent de cafés en troquets. Des mots et situations sur le fait d’écrire, sur les recherches et leur rendu. Et au fil des pages, une histoire de Fives se déroule, les habitants, les travailleurs, les commerces, les maisons, les courées, le temps qui passe. 

Un Fives d’hier et d’aujourd’hui, entre roman et poésie moderne, entre dialogues et rencontres. Les deux auteures s’interrogent, se moquent, doutent, mènent la vie dure à leur éditeur et traquent les ouvrières textiles. 

Un hommage original, drôle et réaliste, au quartier de Fives et à leurs habitants, avec ce livre qui nous conte bien plus qu’une histoire, mais transmet davantage un ressenti, une ambiance. 
Et encore une fois, à lire à voix haute à voix basse, à écouter au détour d’une librairie ou sur le site de La Contre Allée.
La Grappe d’Or, deux crèmes

– Faudra pas oublier de parler du passé. C’était quelque chose, Fives. Filatures, brasseries, céramiques et tiens-toi bien : le premier moteur Diesel !
– Quelle fierté ! On se rend pas compte, de tout ça, quand on rue Pierre Legrand…
– Quand on attrape le métro à la station Marbrerie.
– Quand on se prend un kebab chez Istanbul Island. 
– Ce passé somptueux…
– On pourrait parler de saga, note ça, « formidable saga ». 
– Est-ce qu’on ajoute : « un essor technique sans pareil » ?
– « Une ambition industrielle inouïe » !
– Et surtout, parlons de dignité ouvrière. 
– Très important, la dignité ouvrière. Mais je t’avoue que ça me crée des angoisses. Dès que j’écris sur le passé, j’entends les gros sabots des besogneux d’avant qui s’agitent dans mon dos. Ça toussote, ça renifle, ça joue les humbles Non pas besoin de chaises, ne vous embêtez pas… mais je sais qu’ils partiront pas. 
– Ils attendent l’hommage…
– A les entendre, y’a que le Nord qui aurait un passé. Mais je suis pas dupe, dans ce livre, Lille d’Antan, y’avait plein d’autres titres dans la même collection : Strasbourg d’Antan, Marseille d’Antan, Nantes d’Antan, Lyon d’Antan, et même Saint-Tropez d’Antan !
– Ecrire sur Saint-Tropez d’antant, ç’aurait quand même été plus marrant. 
– Plus marrant, si y’avait eu plus de Jean-Paul Belmondo et moins de métallos ! 
– Plus de paillettes, moins de bobinettes ! 
– Ça nous apprendra à naître dans le Nord…
Ça nous apprendra à naître dans le Nord – de Amandine Dhée et Carole Fives. Editions La Contre Allée. 2011.

 

Lu dans le cadre du challenge La rentrée littéraire des petits éditeurs, propulsé par le site Les Agents Littéraires.

1 commentaire sur “Ça nous apprendra à naître dans le Nord – Amandine Dhée & Carole Fives”

  1. Oh ! Ce livre est dans la liste à lire !
    Ce texte fait écho au film de Guédiguian que j’ai vu hier, Les neiges du Kilimandjaro… (version marseillaise…)

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