Enfin la preuve que ça n’est pas toujours celui qui crie le plus fort qui gagne…
En préambule, laissez-moi vous expliquer ce curieux hashtag #WomenDoBD que vous voyez dans le titre. Derrière ce slogan se cache un fait d’actualité qui commence à être oublié, lorsqu’en janvier 2016 le Festival BD d’Angoulême « omet » de faire figurer une fille dans la sélection de 30 grands noms de la bande dessinée internationale. Zéro. Aucune. Nada.
Les filles qui dessinent, ça existe pourtant, en nombre, en qualité, en puissance.
En voici un exemple : Daria Bogdanska, jeune Polonaise émigrée en Suède pour suivre des études en illustration, sans un sou. Il va falloir trouver un job malgré un détail : être autorisé à séjourner et travailler sont 2 conditions perfidement interdépendantes en Suède, et une manière de décourager l’arrivée d’étrangers. Daria va découvrir une ville, un pays, et un univers : le travail au noir et son esclavagisme moderne.
Rapidement, elle se fait embaucher dans un restaurant indien par un patron qui a l’air bien sympa, en apparence… La réalité apparaît peu à peu, et elle aura de quoi étonner le lecteur. Il y aurait des strates d’employés, classés selon leurs origines. Très peu de Suédois, pour faire bonne figure, payés correctement. Quelques Européens déclassés dont fait partie Daria, peu payés pour des conditions de travail limites. Et le pire, de nombreux Indiens relégués au rang d’esclave, payés une misère voire pas du tout car ils dépendent de leur employeur pour leur logement (misérable) ou leur carte de séjour.
Daria ne va pas oser claquer la porte, et va chercher de l’aide auprès des syndicats… décevants. Alors, un peu par hasard, elle va contacter une journaliste qui a vécu la même chose, pour tenter de faire connaître publiquement la situation.
La suite de cette histoire, je vous laisse la découvrir, mais sachez simplement que Daria, sans s’en rendre compte, s’est engagée dans une lutte héroïque qui comporte de vrais risques…
Daria Bogdanska, en racontant son aventure, n’a pas conscience de sa force mentale, de sa Puissance. Pourtant, un jour, elle a décidé de prendre les choses en main, de ne pas accepter les règles du jeu, injustes. Pas seulement les règles du patron de resto, non, les règles de la Suède, les règles du monde libéral et de l’exploitation des plus faibles.
Daria, c’est une fille. Jeune, déracinée, sans attaches familiales. Tous les ingrédients pour perdre. Pourtant, elle mène des études, apprend une langue totalement étrangère, et sort ce premier album qui évolue en qualité au fil des pages pour aboutir à une œuvre de haute lutte.
Sa Puissance, c’est ce qui lui a valu d’être invitée dans le cadre du Festival Littérature, etc cette année, pour une série de 4 concerts dessinés dans la métropole lilloise du 12 au 15 octobre 2018. C’est avec beaucoup de fierté que je l’accueillerai pour sa première date. J’espère même enregistrer ce moment et le mettre ensuite en ligne. Chacun est bienvenu. Plus de détails ici : https://litterature-etc.com/daria-bogdanska/
Plus de #WomenDoBD ici : https://plus.google.com/collection/sehisB
Merci à Aurélie d’avoir mis cet album entre mes mains, Aurélie qui avec son festival littéraire fait également preuve de Puissance !
Dans le noir
Daria Bogdanska
Editions Rackham
200 pages
2017