La pointe Finistère pour conter ce qui ressemble à deux vies en fin de parcours ou tout au moins le temps venu d’un premier bilan. Rencontre entre deux hommes dans un café à Brest.
L’un a vécu ce qu’il croit être l’amour, a lamentablement cherché à s’approcher de ses origines, a subi de multiples affronts. L’autre n’a pas changé de cap : il est écrivain comme il l’avait promis.
En recevant Avec les hommes au courrier, je me faisais la réflexion que Mikaël Hirsch s’inscrivait, tout comme dans Libertalia, dans le récit de deux hommes partis sur la même ligne et arrivant à deux endroits différents, avec des positions que tout oppose. Ayant adoré Libertalia, j’étais plein d’espoir.
Pourtant, rapidement, le fil extrêmement triste et le caractère pathétique de la vie de Paul Rubinstein me douchèrent froidement. Toutes les conditions étaient rassemblées pour subir une lecture exigeante et éprouvante.
« Il m’apparaissait comme ces victimes traumatisées qui cherchent à revivre éternellement les circonstances de leurs drames, ces femmes violées qui font du porno, les enfants martyrs qui deviennent des bourreaux, les écrivains, peut-être, qui rabâchent eux-aussi sentiments et souvenirs. »
Néanmoins, à l’instant qui me semblait grotesque, surgit le retournement le moins attendu de cette histoire. Si l’histoire semblait si triste, c’était bien au regard de la vie du premier personnage. Vint ensuite un roman éclairé et éclairant sur l’espoir qui surgit lorsqu’on pense que notre vie est fichue, passée, gâchée.
Avec les hommes ne raconte pas deux vies comparées d’hommes partis sur la même ligne, à l’instar de Baruch et Alphonse dans Libertalia. Il ne raconte pas une compétition ni une symétrie. Ce roman narre la nécessité d’essayer les choses, de rater mais d’en tirer des leçons si l’on fait le choix de vivre réellement « avec les hommes ». Mais ce roman narre aussi la difficulté de l’écrivain de ne pas vivre « avec les hommes », de passer à côté de sa propre vie en écoutant et en rapportant celles qui ont étaient réellement vécues. Roman certes exigeant, faussement nombriliste, subtil et fort heureusement d’une longueur juste (saluons Mikaël Hirsch qui n’a pas dilué son idée), Avec les hommes est à réserver lorsqu’on a subi une indigestion de romans bavards et que l’on n’a plus foi en la littérature francophone.
Un souffle court sur la fugacité de nos existences et niché au creux du récit, une explication en filigrane de la difficulté de la position de l’écrivain.
Merci aux éditions Intervalles, à Mikaël Hirsch, à Armand de Saint Sauveur. Merci à La Voie des Indés et à Aurélie (mes voeux les plus sincères t’accompagnent).
Avec les hommes / Mikaël Hirsch. Intervalles, 2013
Comme les autres roman de l’auteur, superbe