Jack a 24 ans quand il sort de prison. 15 ans auparavant, c’est un petit garçon de 9 ans qui y est entré. Entre temps il a purgé sa peine pour un crime atroce qui a fait réagir tout le pays, qui a fait les gros titres de la presse.
Sa liberté nouvellement retrouvée a été solidement préparée. Une sortie au grand jour minutieusement anticipée, à l’abri des regards, conformément au traitement accordé aux criminels mineurs au moment des faits. Jack est suivi de près par son tuteur qui tient davantage du père adoptif que du simple éducateur. Petit à petit, Jack suit une nouvelle voix, avec un emploi, des collègues, des amis. Il découvre la vie avec ses yeux d’enfants qui n’ont connu que l’enfermement.
Jonathan Trigell alterne les chapitres, la vie de Jack au présent, et celle d’avant, celle d’un enfant mise entre parenthèse avec l’incarcération, et donne du rythme au livre. Nous suivons ainsi la réinsertion sociale de ce jeune, apprenant les faits au fil des pages. Avec une angoisse palpable, la tension monte. Jack va t-il conserver son anonymat ? Et si celui-ci est levé, comment pourra-t-il continuer à vivre normalement ? D’ailleurs, doit-il vivre normalement ?
Prenant en tout point car, il faut bien le dire, le personnage de Jack est attachant, et il pose question.
Jonathan Trigell apporte une vraie dimension sociale, mêlant réinsertion, médias, responsabilités, des discussions qui reviennent régulièrement sur le tapis dans l’actualité. D’ailleurs l’auteur s’est inspiré de faits réels qui ont bouleversé l’Angleterre dans les années 90. La réalité est toute proche et d’autant plus glaçante.
Un excellent polar qui bouscule les jugements de valeur, qui fait froid dans le dos et dont on ne sort pas indemne.
« Il a déjà vu des types se faire éclater le nez pour moins que ça : ces mégots jetés sur le trottoir, c’est du gâchis ; il restait au moins de quoi tirer encore cinq taffes.
Son prénom, c’est Jack. C’est lui qui l’a choisi. Rares sont ceux qui peuvent se choisir un prénom. Il en connaît pas mal qui ont essayé, adoptant des pseudos crasses ou classes, mais en général, ces étiquettes là ne collent pas très longtemps. Jack a déniché le sien dans un bouquin, le Guide des prénoms de garçon, un bon point de départ. Courant, mais cool, il lui a plu tout de suite. Jack, comme le héros de contes et des comptines ; l’univers de l’enfance le poursuit, lui qui a été privé de la sienne, qui en a volé une autre. Comme Jack l’Eventreur aussi, mais celui là, il n’y a pensé que plus tard.
Terry marche à côté de lui, comme il l’a fait un bon millier de fois. Sauf qu’avant, c’était toujours dans des couloirs, jamais dans la splendeur de ce monde à ciel ouvert. Même en compagnie de Terry, Jack est nerveux. Malgré la chaleur promise par le soleil et le bleu pastel au-dessus de leurs têtes, il a froid. Dans le sourire de Terry, il perçoit de l’excitation ; alors il essaie d’avoir l’air calme et heureux. Peut-être cette victoire est-elle celle de Terry, pas la sienne. Après tout, Terry s’est démené pendant quinze ans pour en arriver là, pour le voir se promener dans une rue ensoleillée. »
Jeux d’enfants – de Jonathan Trigell – Gallimard « Série noire ». 2004 (paru aussi en poche chez Folio)
Roman adapté au cinéma 2009 et dispo en dvd sous le titre « Boy A ».
Challenge Thrillers et polars 5/12
Pas gai, mais certainement très intéressant.
je t’ai déjà dis que j’adore le nom de ton blog ?
Ah oui, vraiment très très bien ! Très gros énorme coup de coeur !
Et merci pour le nom du blog, c’est sympa 🙂