Quartier Montmartre à Paris. Un groupe d’amis, de voisins, se retrouve chaque soir pour l’apéro au Papillon. Un bistrot du coin pour déblatérer sur la vie, le quotidien, les petits soucis et les grandes joies. Une bande hétéroclite, des tempéraments marqués, de solides amitiés et des relations platoniques. L’une d’entre eux, un jour, décide d’écrire un roman. Pas évident de trouver un bon sujet, et puis l’évidence se révèle. Son entourage du quotidien deviendra personnages de fiction. Que dire, que masquer, quelle nuance entre le fantasme et le mensonge, comment évoquer sans trahir.
Nous découvrons ainsi au fil des pages cette galerie de personnages. La Pap’team, une dizaine d’amis, la quarantaine, un peu bobo sur les bords, mais pas au point que ça en deviennent crispant non plus. Leurs vies, leurs histoires, leurs surnoms. Zéro, Nélou, Léo, Merlin, Emma, Tica, Vincent, Alex, Fab, Comar. On fait connaissance avec chacun d’entre eux, petit à petit. On s’attache à certains, on en déteste d’autres, ou encore se développe une forme d’indifférence, spectateur de liens qui se tissent ou s’étiolent.
On comprend rapidement que quelque chose s’est cassé, que ce livre, finalement, a renversé les relations établies. La vie d’avant, celle d’après, le cheminement.
Au départ, on ne sait pas trop où tout ça va nous mener, et puis rapidement on se laisse porter au long de ces 400 pages qui filent d’un trait. Quelques longueurs parfois mais le roman est relativement bien construit, crédible, et pas mièvre comme l’on pourrait s’y attendre.
Un premier roman assez réussit pour Sonia David. Une écriture vive et un sens de l’humour appréciable. A suivre.
Une femme croisée un jour m’avait dit « J’ai compris très jeune que je n’avais pas de conversation ». Je me souvenais toujours de cette phrase lorsque je retournais en pensées au Papillon. Nous avions des conversations, mais nous aurions tout aussi bien pu ne pas en avoir. Ce n’était pas l’important. Nos rendez-vous quotidiens – qui, précisément, ne nécessitaient jamais de prendre rendez-vous, on y allait, ou pas – constituaient surtout notre manière d’appartenir à une histoire.
La plupart d’entre nous travaillait en free lance, pigiste, intermittent, nous avions plusieurs employeurs et pas de vie de bureau. Sans doute était-ce la raison pour laquelle nous nous autoproclamions collègues d’apéritif, nous créant une vie de bistrot, avec ses propres règles et parfois ses contraintes.
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Les petits succès sont un désastre – de Sonia David. Editions Robert Laffont. 2011