Il y a quelques jours, je vous taillais déjà le portrait d’Albertine Sarrazin, autour de ses Nouvelles de prison. Elle reste donc encore un peu dans les parages avec cette très chouette BD qui reprend le premier récit autobiographique de l’autrice, paru en 1965.
L’Astragale retrace ce jour où elle s’est enfui de prison, se brisant l’astragale le bien nommé au passage, os situé au niveau de la cheville, l’obligeant à ramper pour tenter de se carapater plus loin. Elle sera récupérée sur le bord de la nationale par Julien Sarrazin, petit truand qui l’aidera à se planquer et avec qui elle connaîtra le grand amour. Elle a alors une vingtaine d’années.
Nous suivons donc cette cavale, en pleine pampa d’abord, puis dans le tout-Paris, où elle vivra de squat ici et là, tapins et menus services.
Nous avons là le très beau portrait d’une jeune femme volontaire portée par l’amour et la soif de liberté, qui se questionne, se remet en question et se donne les moyens sans faillir. Anne, un personnage à l’image d’Albertine, amoureuse autant qu’insoumise, butée, révoltée ou encore rêveuse à ses heures.
Les illustrations en noir et blanc avec de grands aplats rendent à merveille l’atmosphère de l’original. Les visages sont affutés, la fougue perceptible, les traits se fondent dans le décor, au rythme des événements qui servent ou desservent la jeune femme, avec une économie de mots qui sied parfaitement à son tempérament peu loquace.
Une cavale que l’on suit assidûment, on s’attache, on s’émeut, littéralement suspendu à sa détermination.
Albertine Sarrazin, une autrice à découvrir, et cette BD présente déjà une belle entrée en matière.
Cette chronique clôt la parenthèse autobiographique de ce mois de septembre pour le retour aux classiques impulsé chaque mois par Moka et Fanny.
L’Astragale
Anne-Caroline Pandolfo
dessin Terkel Risbjerg
D’après le roman de Albertine Sarrazin
Sarbacane
2013
220 pages
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Prochain rdv fin octobre autour d’un 100% autrices…
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