Un champion fragile – Adolfo Bioy Casarès

L’invention de Morel étant citée en exergue du livre Notre part de nuit, grand Must read de la rentrée, je me suis intéressé à l’œuvre d’Adolfo Bioy Casarès. Est donc née de ces investigations ce billet sur un livre de la fin de son œuvre, Un champion fragile.

Casrarès, grand nom des lettres argentines, auteur du roman renommé L’invention de Morel, a tout au long de sa vie de dandy publié des ouvrages courts dont la lecture ne peut laisser indifférent. D’ailleurs Borgès ne s’y était pas trompé et les deux hommes ont créé en collaboration plusieurs objets .

Parlons donc bien d’objet, pour cet ouvrage singulier, avec cette part d’indéfini qui caractérise parfaitement un livre comme celui-ci, Un champion fragile, paru en 1993.

L’intrigue se condense en 120 pages, ce qui représente un temps de lecture peu important, mais qui nécessite une certaine attention pour en percevoir l’effet qui à son achèvement laisse dans une perplexité résonnant longtemps.

Le synopsis est simple. Moralès, chauffeur de taxi, arpente les rues de Buenos Aires dans une espèce de torpeur usante, épuisé par son rythme de travail conséquent. Au détour d’une course, il fait la rencontre de deux personnages œuvrant dans la médecine qui vont lui faire ingurgiter un élixir à l’origine d’un retour de sa vigueur.

Il se retrouvera par la suite pris d’une fièvre justicière, successivement engagé dans des combats avec des souteneurs et des maris violents,dans une Buenos Aires incarnée, jusqu’à un dénouement impliquant le personnage féminin logé au centre de ses obsessions.

En refermant le livre, on se trouve donc dans un état de perplexité quant à la conclusion. Celle-ci remet tout le livre en perspective et on en revoit passer les moments successifs en cherchant un sens à cette histoire qui n’apparaît pas si facilement.

C’est là que l’œuvre est géniale : Bioy Casarès écrit dans un style épuré, qui permet une approche très simple. Le rythme des scènes et la succession des ellipses coulent de source mais l’ensemble est très lacunaire. Et ce sont ces espaces laissés dans l’exposition du fond par la forme qui permettent à l’imaginaire de se développer, en cercles concentriques, créant des ondes qui entrent en résonance lors du dénouement.

Ce livre est donc un objet qui peut faire une lecture facile pour un adolescent, mais qui analysé laissera entrevoir différentes strates poétiques, politiques et même ésotériques (on est pas loin de Borgès)qui satisferont les lecteurs les plus exigeants.

Un champion fragile

Adolfo Bioy Casarès

Robert Laffont

120 pages

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