Une femme décide de prendre le large du monde et de s’installer en pleine montagne. Elle rejoint un refuge dernier cri où tout est pensé, l’alimentation, un potager, l’énergie, les eaux usées, tout. On comprend qu’elle a voulu prendre de la hauteur, pour observer le monde, réfléchir sur les relations humaines. A travers ce que l’on peut considérer comme un journal de bord, nous assistons à sa mise en retrait, son installation et son adaptation au cœur d’une nature abrupte. Jusqu’à ce qu’elle s’aperçoive qu’elle n’est pas si seule. Un autre personnage entre en scène, que je vous laisse le soin de découvrir, car moins vous en saurez, plus vous serez apte à vous laisser cueillir par ce roman.
C’est un roman d’atmosphère qui prend du rythme, avec une forme de suspense qui s’instaure et remet en jeu les considérations philosophiques dont il était question. Une écriture sèche, brève, précise, sans fioriture, qui laisse finalement assez peu de place aux sens du lecteur. On prend son temps au départ, on découvre avec elle le lieu, le refuge, pas mal de détails mais on ne s’attarde pas trop non plus. Céline Minard investit surtout le champ de la perception à tout point de vue. La quête de recul qui implique la sensation d’isolement, la solitude, les interrogations. Et puis le revirement de situation, qu’en est-il de la retraite l’on sait que l’autre est là, pas si loin ?
Un roman assez particulier dont je ne sais trop quoi penser au final, un texte court mais épais comme le brouillard, assez froid, et à la fois très actuel, car au vu de ce qu’il se passe dans le monde, nous pourrions tous être tenté un jour ou l’autre de prendre le large, de sortir du jeu, et c’est assez intéressant de voir comment Céline Minard perçoit les choses.
Et vous, l’avez-vous lu, qu’en avez-vous pensé ?
Le grand jeu / Céline Minard. Rivages, Rentrée littéraire 2016