Les deux vies de Pénélope – Judith Vanistendael (Le Lombard)

« Je m’appelle Pénélope. Je ne tisse pas. Je n’attends pas. Je n’ai pas de fils. J’ai une fille. Dans une semaine, elle aura 18 ans. Je ne serai pas là. Cela fait quatre ans que je ne l’ai plus vue. Cette histoire est pour elle. »

Très belle et touchante BD, qui fait le portrait d’une femme qui tangue entre son intense pratique en tant que chirurgienne humanitaire et sa vie de famille qu’on lui reproche de passer à la trappe. Un récit fort, qui interroge la figure de la femme, de la culpabilité généralement plus rugissante qu’au regard des hommes, et tout cela amené avec pudeur et justesse, chapeau ! Ses activités et ses choix sont soutenus par sa famille, compréhensifs malgré le manque, la distance, le fossé qui se creuse. Car il est de plus en plus difficile pour cette femme de laisser la violence cotoyée sur le terrain en Syrie derrière elle lorsqu’elle revient dans ses murs, car ce qu’elle vit ne peut que difficilement se dire, car la juxtaposition des vies n’est qu’un leurre, et un combat de plus a mener.

Judith Vanistendael met finement le doigt sur l’absence, longue, répétitive, certes choisie et soutenue mais non moins subie et douloureuse. Les personnages ne sont pas caricaturaux, chacun [conjoint, fille, parents, soeur…] présente ses failles, ses aspirations, ses maladresses, ses tentatives, ses gestes. Les illustrations à l’aquarelle collent parfaitement, décrivent les flottements, l’indicible, les sentiments, les remous, l’amour. Vraiment une réussite.

Vous pouvez voir un long extrait ici.

Les deux vies de Pénélope
Judith Vanistendael
traduit du néerlandais
Le Lombard
2019
155 pages

version numérique par ici

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