Joueuse – Benoît Philippon (Les Arènes)

Vous voyez les films noirs tendance mafia, arrières salles enfumées, méchants très méchants, politiques véreux et bluff à tous les étages ? Benoît Philippon en a fait le jus de son dernier roman, un polar efficace qui ne fait pas dans la dentelle, mais avec tout de même un petit coeur tendre planqué quelque part.

« Certaines batailles tracent leur histoire sur la peau, d’autres sous les chairs. Ces blessures, on peut choisir de les appréhender de deux façons radicalement différentes : geindre dans la boue en espérant susciter la compassion d’une âme miséricordieuse, ou en arborer les cicatrices comme des trophées, témoignages de combats menés dont on est ressorti, abîmé certes, mais victorieux. »

Milieu du poker. Zack et Baloo, deux inséparables férus de tables de jeu trompent leur monde avec un partenariat bien rodé et des manip qui font mouche. L’énigmatique Maxine leur met bientôt le grappin dessus, les sentant murs pour un gros coup bien juteux bien qu’un poil risqué sur les bords.

« Difficile de faire le tri entre fables et faits. Zack a entendu parler d’un joueur connu dans le milieu qui a été accepté pour une partie au manoir du politicien. Le gars a perdu. Plus qu’il n’aurait dû. Et là, le ciel lui est tombé dessus. Ils ont saisi ses comptes, en toute légalité. Même son assurance retraite y est passée. Mais ça n’a pas suffi à couvrir sa dette. Le type a disparu en forêt, il a refait surface avec deux trous de chevrotine dans le dos »

Un polar très divertissant avec des dialogues truculents et des scènes juteuses. Bon, les personnages sont un peu caricaturaux mais ça fonctionne bien, le suspense fait son job et on serre les fesses jusqu’au bouquet final.

J’avais découvert Benoît Philippon avec une Mamie Luger décapante et juste parfaite, et que je vous recommande grandement de découvrir si ce n’est déjà fait, et c’est un vrai plaisir de retrouver son écriture gouailleuse, qui à la fois décrit l’action et cerne l’humain, non sans humour et avec un pied dans l’actu. Encore un bon cru donc, à découvrir !

« Dans un pays où la délation est encore de mise, les chasseurs de prime ne rencontrent que peu de résistance. Rien qu’un billet de vingt glissé dans une paume graisseuse ne puisse dégripper. »

Joueuse
Benoît Philippon
Les Arènes (Equinox)
2020
356 pages
version numérique par ici

lu dans le cadre de l’opération Masse critique avec Babelio

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.