Dans les années 80, une mère de famille est assassinée avec deux de ses filles dans leur ferme familiale de l’Amérique profonde. Libby, la plus jeune des enfants, 7 ans à l’époque des faits, déclare rapidement que son frère de 15 ans, Ben, est responsable du massacre.
Libby est recueillie par sa tante, puis élevée dans des familles d’accueils. Libby n’est pas franchement une enfant sympathique, et l’adulte qu’elle est devenue est cupide et égoïste. Elle ne s’en cache pas, au contraire. Partisane du moindre effort, elle vit depuis sa majorité grâce aux dons de soutien perçus suite à son drame familial. Libby a aujourd’hui une trentaine d’années, son compte en banque est désormais presque à sec, et la perspective de chercher un emploi ne la ravit guère.
Alors qu’elle cherche une nouvelle alternative pour repousser ces inconvenantes démarches, un Kill Club prend contact avec elle. Passionnés par l’affaire Day, les membres ont élaboré plusieurs théories quant au déroulement des événements, et contestent l’emprisonnement de Ben. Ils tiennent à rencontrer Libby, la faire revenir sur son passé et sur son accusation, et pourquoi pas jouer les détectives de l’ombre.
Libby ne s’est jamais posée de question sur cette nuit tragique qui lui a fait perdre sa famille. Elle n’a jamais mis le nez dans les cartons de ses soeurs, n’a jamais rendu visite à son frère en prison, n’a que peu de contact avec son père qui ne lui écrit que pour lui réclamer de l’argent, et elle n’a franchement pas envie de se replonger dans tout ça. Se remettre en question n’est pas non plus une habitude chez elle. L’appât du gain la conduira pourtant à accepter le challenge posé par le Kill Club. D’autant que ses membres sont prêts à la rémunérer pour ses recherches.
Libby Day n’est pas le genre d’héroïne attachante comme il est souvent question dans ce genre de thriller. Ce parti pris est sans doute l’un des points forts de ce roman qui ne joue ainsi pas la victimisation à outrance. Une famille a été détruite, les traumatismes sont évidents mais ces éléments ne tiennent pas la place centrale. Les profils de chacun sont fouillés et leur caractère souvent antipathique donne une certaine cohérence à une intrigue bien loin du monde de Oui-oui. La lumière est faite sur la noirceur des comportements, des choix, des actes et l’ensemble est plutôt bien mené malgré quelques maladresses.
Gillian Flynn alterne le passé et le présent et les voix de chacun, et nous plonge dans le quotidien de cette famille qui avait un mal fou à joindre les deux bouts. Nous suivons ainsi le déroulement de la dernière journée précédant les meurtres, et le cheminement actuel, qui mènera Libby à découvrir la vérité.
L’auteure s’en tire plutôt pas mal pour son deuxième roman et signe ici un thriller efficace. L’expérience aidant, elle devrait nous livrer quelques surprises.
Les lieux sombres / Gillian Flynn. Editions Sonatine. 2010
Existe aussi en poche
(Challenge Thrillers et Polars 9/12)
Un roman que j’avais beaucoup aimé !