« Dans l’ombre de la peur : le Big Data et nous. » Le journalisme d’enquête format BD !

La machine est en marche et vous ne saurez pas la contrer !

J’ai une certaine fascination pour les journalistes qui s’attaquent à un géant, pour David lorsqu’il toise Goliath. Autant dire que la BD-reportage Dans l’ombre de la peur : le big Data et nous, de Michael Keller & Josh Neufeld, parue aux éditions çà et là m’a aussitôt sauté aux yeux ! Mon imaginaire a sans doute convoqué le Watergate ou les Panama papers… Michael Keller, le journaliste, est spécialisé dans la technologie, les questions de respect de vie privée et de surveillance. Josh Neufeld, l’illustrateur, aime travailler sur des sujets réels et dessine des reportages que l’on peut qualifier de « journalisme d’enquête ».

Si les termes « théorie du dévoilement », « internet des objets » ou le concept de « questions d’hier, d’aujourd’hui et de demain » vous sont étrangers, grâce à cette BD, ils n’auront plus de secrets pour vous puisqu’on a affaire à un album très pédagogue.

Ainsi, nos deux auteurs expliquent que si l’on vous offre un produit gratuit (un site qui vous met en lien direct pour discuter avec vos amis, par exemple…), vous devenez source de revenus autrement. Chaque fois que vous abandonnez les droits sur vos données personnelles (et on vous y engage vivement), vous générez des données et du profit.

« Les études montrent que les jeunes se préoccupent tout autant que les adultes de protéger leur vie privée des entreprises et du gouvernement… C’est-à-dire vraiment très peu. » (p.22)

Les données sont manipulables, comme l’explique si bien ce livre. J’ai choisi une personnalisation, l’incarnation d’un personnage dans mes avis de lecteurs mis en ligne ici. Ça n’est pas par hasard. Par goût, certes, mais aussi pour limiter les contradictions, inévitables. Je tente de manipuler l’image que vous vous faites de moi. Et Josh Neufeld prouve dans un cas concret comment il a pu négocier sa réputation virtuelle sur un site. Manipulation encore.

Suite à ma lecture, je me suis googlisé (je conseille à chacun de le faire afin de faire un peu de ménage). J’ai découvert qu’un ancien travail d’étudiant que j’avais mis en ligne en 1999 (excellent cela va sans dire) est à nouveau mis en avant par la Bibliothèque municipale de Lyon. Ce travail est cité à intervalles réguliers et je n’y suis pour rien, prouvant concrètement que les auteurs ont raison : personne ne peut maîtriser totalement l’image qu’il donne sur les réseaux. L’image sociale que l’on se fait de moi tend vers la direction que je souhaite mais…

Paul Ohm, professeur de Droit à Georgetown, explique que

« pour la plupart d’entre nous, cette base de données inclut au moins UN élément qu’on ne souhaite VRAIMENT partager avec personne » (p.20)

La force de cet album, trop court à mon goût, c’est de jouer avec la métaphore. On comprend mieux un concept général en le compactant sur un objet quotidien. Désormais, lorsque je vois un objet connecté, vendu comme un progrès pour l’Homme, je pense à « l’agrafeuse » des 2 auteurs et je réfléchis à deux fois avant de me dire : « Il me le faut ! »

Ce procédé par l’exemple a largement prouvé son efficacité dans les documentaires de Michael Moore, non ?

Cet album doit passer dans un maximum de mains. Il va vous rendre plus informé, moins dupe, aiguiser vos réflexes d’internaute. Depuis ma lecture, je coupe systématiquement ma géolocalisation sur mon téléphone par exemple. Et je suis en train de me demander par qui ce billet va être scanné et pourquoi…

Dans l’ombre de la peur : Le Big Data et nous / Michael Keller et John Neufeld. Editions Ça et là, 2017

Merci aux éditions ça et là, merci à nos deux auteurs, à Libfly.com et la Voie des indés pour cette lecture. Je remercie particulièrement Céline à qui je souhaite publiquement la bienvenue dans cette aventure.

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NickCarraway est aussi un booktuber ! Retrouvez ses chroniques vidéos sur sa chaîne Youtube !

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