Même pas mort de Jean-Philippe Jaworski

Bellovèse est un jeune guerrier, neveu du Haut Roi, celui-là même qui l’a exilé avec sa mère et son frère au fond du royaume biturige après avoir tué son père. A l’occasion d’une guerre contre les Ambrones, Bellovèse et son frère quittent leur foyer afin de mener leurs premiers combats. Au cours du premier assaut, Bellovèse est mortellement blessé…mais il n’est « même pas mort »…

Jean-Philippe Jaworski nous plonge dans la civilisation celtique de l’âge de fer, époque à peine effleurée en fantasy. L’auteur, très bien documenté, tente de reconstituer la société celte telle qu’elle était (d’après des sources archéologiques ou littéraire antique).

Le récit est emprunt de l’aura du mythe : impossible de distinguer les éléments fantastiques, magiques, qui se fondent dans la réalités de nos personnages. L’auteur illustre à merveille la façon dont le mythe et le sacré imprègnent la vie des Celtes. Dieux, entités hors du monde, magie druidique, sacrifices, etc… La religion est inscrite dans la vie et la vie, dans le sacré, indissociables. Les premières lignes de l’ouvrage de Jean Markale consacré à la civilisation celtique sont à ce titre édifiantes : « Quand on veut étudier l’histoire des Celtes, on se heurte constamment au mythe. (…) Il n’y  a pas d’exemple plus frappant de synthèse harmonieuse entre l’élément imaginaire et l’élément de réalité pure. »

L’auteur a réussi à inscrire la perception du temps chez les celtes au sein même de la structure de son récit. Des transitions merveilleuses et ciselées, font voyager le lecteur dans le passé, le présent, l’avenir du personnage.

Pour de plus amples explications sur cette structure, je vous invite d’ailleurs à lire l’interview de l’auteur sur actuSF ainsi que sur Elbakin.net.

Le style de l’auteur est de nouveau de haute volée : figures de styles, richesse du vocabulaire, etc… Mais il colle aussi à son histoire et à l’époque qu’il traite puisque je l’ai trouvé quelque part moins « baroque » que dans Gagner la guerre. Ainsi en va-t-il de ses personnages : on ne trouve pas d’équivalent à Benvenuto par exemple et c’est très juste : le temps évoqué n’est pas au cynisme grinçant de notre assassin !

On retrouve donc la plume merveilleuse de JP Jaworski, délicieusement reconnaissable, mais au service d’un univers très différent de celui des Vieux Royaumes.

« Même pas mort » possède un souffle mystérieux, épique et magique et j’ai vraiment hâte de me plonger dans la suite « Chasse royale », deuxième branche de la trilogie « Rois du monde ».

Rois du monde, 1.  Même pas mort – Jean-Philippe Jaworski / Moutons électriques

Chroniqué dans le cadre du Winter Mythic Fiction organisé par le RSFblog

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