Dans un coin de l’immensité sibérienne, un roi tyrannique et autocentré mène son royaume à sa perte. L’un de ses fils, Oddvin, privé de la vue, sillonne les bois et la toundra avec son fidèle renne Pernelius, préférant largement la compagnie des animaux à celle des hommes. Lors d’un périple qui le conduira jusqu’au Grand Nord, ses rencontres successives avec une hermine, une chouette, un renard, un loup et un ours blanc l’aideront à ouvrir son coeur pour rejoindre le royaume déchu et comprendre la douleur des hommes.
Franck Prévot et Régis Lejonc reprennent les codes des contes traditionnels nordiques et russes dans un récit qui fait terriblement et superbement écho à nos sociétés contemporaines. C’est d’ailleurs le propos des conteurs, de raconter le monde à travers des histoires qui en disent peu et long à la fois, capables de divertir et questionner du même coup. L’histoire d’Oddvin est de celle qui traverse les époques. On y célèbre la sagesse de la nature, on replace l’homme dans la chaîne terrestre et l’on redonne du sens au terme même de civilisation.
Régis Lejonc est un illustrateur assez bluffant tant il est capable de s’épanouir dans des registres divers. Ici, il puise dans l’imaginaire des contes slaves, faisant se côtoyer illustrations en pleine page, enluminures et bande dessinée avec des tonalités un peu surannées. L’ensemble est fabuleux, avec un très beau travail d’édition comme HongFei sait si bien le faire, beaux formats, papiers épais, reliure cousue.
Un conte initiatique majestueux et porteur de sens. A découvrir.
Dès 8 ans
Oddvin, le prince qui vivait entre deux mondes
Franck Prévot
illustrations Régis Lejonc
Editions HongFei
40 pages
2018
(Challenge Je lis aussi des albums #19)