Partenaire particulier… Le jeu des marques et des services presse dans le monde des blogueurs

Cette semaine, pour les #CoulissesDuBlog, nous évoquons la fameuse question des partenariats. Services presse, cadeaux, coups de pub, échanges de bons procédés, tous les moyens sont bons pour que la pub se fasse. Globalement ça arrange tout le monde, mais c’est aussi à double tranchant.

Quand les cadeaux changent de mains

La pub a pas mal bougé ces dernières années, la place des blogueurs a évolué, et naturellement des passerelles se sont formées. La question revient régulièrement, de la légitimité des blogueurs à faire la promotion d’un roman, d’un aspirateur, d’un jouet, d’un mascara, d’une chambre d’hôtel. Un débat que je n’ai pas l’ambition de relancer ici, sinon en exposant pour une fois mon opinion, très courte à ce sujet. Les articles promotionnels ont longtemps été envoyés aux seuls journalistes, chroniqueurs, pigistes, souvent entassés dans des placards, parfois évoqués dans des émissions ou relayés dans des pages fourre-tout, avec la petite phrase accrocheuse mise adroitement en gras dans le dossier de presse, finalement rarement au cœur d’un sujet réellement construit.

Les cartes ont été rebattues. Le deal avec les blogueurs est aussi sans doute plus clair. Il y a une obligation tacite à parler du « cadeau » promotionnel suite à sa réception. La publicité est quasi-garantie, quelle qu’elle soit. Je précise une fois encore que je n’évoque absolument pas le travail de la presse dans sa globalité, et je compare encore moins les blogueurs aux journalistes.

Ça sent le partenariat

Quand j’ai commencé à bloguer il y a bientôt dix ans, je n’avais pas franchement réfléchi aux services presse. Je travaille en médiathèque, je n’ai pas « besoin » de recevoir des bouquins à foison, j’ai largement ce qu’il faut. J’ai commencé à réfléchir à la question avec Les agents littéraires, un site désormais disparu, où l’équipe proposait de promouvoir l’édition indépendante. Les interlocuteurs étaient sympas, les éditeurs représentés intéressants, les consignes étaient claires : développer un avis positif ou négatif, argumenté et étayé, en 300 mots minimum. Mon premier SP a donc été Le dernier des corbeaux de Thierry Moral, aux éditions Teetras Magic. Je n’en revenais pas, je me sentais hyper privilégiée, j’ai essayé de bien faire (300 mots sur un album, il faut les sortir). L’aventure a continué quelques temps, je me suis prise au jeu et me suis quasiment toujours attachée à quelques principes :

  • Je favorise l’édition indépendante, la micro-édition, éventuellement l’auto-édition
  • Je laisse venir les propositions, je ne tape pas aux portes pour réclamer mes envies
  • Les seuls livres que je demande le sont par le biais de réseaux sociaux de lecteurs tels que Libfly ou Babelio durant des opérations spécifiques
  • Je n’accepte que les livres qui me tentent. Je ne cherche pas à accumuler je ne vais certainement pas me forcer à lire un bouquin « pour le plaisir ».
  • Je suis libre de mes propos, l’idée n’est pas de flatter, comme pour l’ensemble de mes chroniques d’ailleurs.
  • Les partenariats ne doivent pas prendre le pas sur le reste des chroniques (ce blog n’est pas un prétexte à réception de SP)
  • Les partenariats sont mentionnés en fin d’article, par soucis de transparence.
  • Les partenariats ne concernent que les livres (ça pourrait être élargit au culturel au sens large mais il n’en a encore jamais été question).

A ce jour, au vu des livres rassemblés sous mon tag « partenariats », j’ai reçu 70 service presse, je trouve ça énorme, bien que, ne soyons pas naïfs, ce n’est qu’une infime miette du gâteau.

Aujourd’hui, je participe à La Voie des indés avec Libfly de façon régulière, quasi mensuelle, en lien avec mon travail et mon blog. Je participe fréquemment aux éditions Masse critique proposées par Babelio, je suis souvent sélectionnée puisque je ne lorgne pas sur les gros poissons. Quelques éditeurs me proposent leurs nouveautés, mais je n’entretiens pas tellement ce genre de relation. Je n’ai pas spécialement envie de devenir ambassadrice.

L’impartialité en question 

La question revient souvent de l’impartialité réelle des blogueurs vis-à-vis de ces partenariats. Je suis assez partagée, et les types de partenariats sont multiples. En matière partenariats avec des éditeurs, je ne comprends pas l’intérêt d’accumuler les SP, à moins de vouloir se vanter d’en recevoir 10, 20, 30 par semaine… Je vois trop souvent passer des listes de réceptions creuses, ou pire, des booktubes sans saveur étalant des piles de livres à lire, avec seulement deux mots sur le bouquin en question et le bon choix des éditeurs pour le choix de la couverture qui « fait trop envie ». J’admets bien volontiers avec plus ou moins de bonne foi que je n’ai pas non plus envie d’être toujours l’œil rivé sur le calendrier, avec des chroniques en retard en permanence.

Une chose est sûre, si l’on s’en donne la peine, les partenariats peuvent être multiples et sont très faciles à obtenir. Certains éditeurs ou marques sont d’ailleurs réputés pour leur facilité à entrer dans leur pool de promoteurs. Il existe même des plateformes qui fédèrent marques et testeurs. Il peut-être tentant de rentrer dans ce système, avoir des fringues gratos ou des jouets pour les enfants, pourquoi se priver ? Certains ouvrent même des blogs pour ça. Pourquoi pas, et ça ne me gêne pas, je lis d’ailleurs de nombreux articles issus de partenariats de ce genre, quand c’est bien fait, que ça reste dans le ton et le thème du blog, je ne trouve pas ça dérangeant. En revanche, ça me gonfle un peu de trouver un billet sur un aspirateur topissime (en même temps vu le prix de vente, tu m’étonnes !) ou un mascara sensationnel sur un blog qui n’a rien à voir avec l’électroménager ou la cosmétique…

Pour en revenir à l’impartialité, on taxe souvent les blogueurs d’être flatteurs, pour rester dans le rang et recevoir toujours plus. Soyons honnête, les ambassadeurs Sylvanian families se forcent-ils à dire du bien de la marque ? Bien sûr que non, ces jouets sont top, ils auraient tort de se priver. Mais c’est justement là que l’engorgement se fait. Car, ce sont les bonnes marques qui proposent des produits à tester. On ne vous propose pas de tester la purée en sachet mais les repas bio comme à la maison, on ne vous propose pas d’essayer les vêtements de grandes chaînes mais la marque qui monte et qui a un design original ou un tissu innovant, bien sûr que ce produit est bien… ! L’impartialité n’est pas en question, la finalité de la démarche en revanche…

Les partenariats peuvent être de bien d’autres sortes. L’objet aujourd’hui était bien de traiter des marques, services presse et autres faveurs promotionnelles.

Je peux sembler un peu vindicative bien que ce ne soit pas mon propos. Il ne faut juste pas se leurrer. Comme je l’ai déjà évoqué plusieurs fois lors de ces #CoulissesDuBlog, il me semble important de ne pas se perdre dans son blog. La quête de partenariats peut-être tentante, mais à mon sens elle doit rester raisonnée. (Bon après si un caviste veut s’associer au blog j’y réfléchirais 😉 ). Ce billet n’est bien sûr pas impartial. Je n’aime pas franchement la pub, trop présente, trop universelle, trop vorace, et je n’aime pas cette dérive de la société qui voudrait que rien ne se fasse gratuitement. Je ne prête plus ma perceuse, je la loue. Je ne blogue plus pour le plaisir, il faut que je gagne des cadeaux et que ça me rapporte de l’argent. Je grossis le trait bien sûr. Le sujet est vaste et ce billet pas suffisamment construit…

Et vous, qu’en pensez-vous ? Quel est votre rapport aux marques ? Lecteurs, que pensez-vous des articles sponsorisés ? Blogueurs, quels partenariats aimez-vous développer ou entretenir ?

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« Cet article fait partie de l’événement interblogueurs #CoulissesDuBlog créé par Mia, du blog Trucs de Blogueuse. Chaque semaine, je publie un article où je vous donne les dessous de mon blog.

Pour lire les autres participations, allez sur ce lien : https://www.trucsdeblogueuse.com/coulissesdublog16

Vous pouvez également participer à cet événement, voici les conditions : http://www.trucsdeblogueuse.com/evenement-coulisses-du-blog-2017 »

9 commentaires sur “Partenaire particulier… Le jeu des marques et des services presse dans le monde des blogueurs”

  1. L’attrait « interessé » pour certains produits, manifeste chez certains blogueurs, me gêne. J’en ai assez de la publicité, du marketing omniprésents… De plus, comme tu le dis si justement, c’est quasiment toujours la même catégorie de produits qui est mise en avant.
    Moralité, je fuis la plupart des blogs faisant la promotion de certains produits. Je cherche des avis neutres ou je me fais ma propre idée. Je préfère me tromper que me sentir manipulée.
    Pour ce qui est des livres, je sélectionne les blogs. L’une des choses qui me plaît dans le tien est la variété des bouquins chroniqués. Il y a aussi ce ton décalé, très naturel en même temps. Bref, pas de tricherie et ça, j’adore !
    Tout est clair, transparent ! Et puis, il faut reconnaître que tu as bon goût :-)))

    1. Merci Hélène, c’est gentil 🙂 Je me demande régulièrement si cette « variété » ne manque pas un peu de cohérence. J’aurais bien du mal à faire autrement en même temps… on ne se refait pas ^^

  2. Je ne suis sponsorisée par aucune marque d’aspi.. Oui, je reçois quelques SP, à ma demande ou envoyé par les maisons d’éditions. Je suis sur Libfly et Babelio. Grâce à Libfly j’ai découvert des maisons d’éditions indépendantes qualiteuses que je continue de suivre. Je n’ai pas sta chance de travailler dans une bibli… J’en ai une autre de chance, je suis retraitée. J’achète deux livres )par mois et ma bibli de campagne, grâce à la bibli départementale, me nourrit en bouquins récents ou plus vieux.
    Je garde mon indépendance vis à vis des livres que je lis et qui me sont envoyés généreusement. Je ne parle dans mon blogue que de bouquins

    1. Contrairement aux apparences, je ne suis pas contre les SP 😉 et j’en reçois d’ailleurs aussi. Et si je ne faisais pas ce métier, j’en demanderais sans doute plus… Je ne pense pas que SP soit synonyme de « vendu », loin de là. Et d’ailleurs, en ce qui concerne les aspirateurs, je me souviens être tombée par hasard sur un test de blogueur et c’était beaucoup plus étayé et instructif qu’un descriptif de vendeur qui n’en a rien faire ^^ Je ne fais pas non plus de reproche aux ambassadeurs / drices, de marques, après tout, pourquoi pas, mais là encore il faut une cohérence à mon sens. Etre ambassadeur d’une marque de jouet sur une site de parentalité, ça se défend.

  3. Coucou. J’ai découvert ton billet suite à la publication du mien, sur le même sujet (c’est NickCarraway‏ -> @jeremievermees1 sur Twitter qui me l’a linké) !
    Je développe le sujet sur les partenariats qui cette fois sont rémunérés et je pense qu’on en arrive aux mêmes conclusions. Il faut savoir être impartial (mais est-ce vraiment possible) mais surtout, il faut rester dans la légalité et malheureusement, je pense que beaucoup l’oublie.
    En tout cas, très bon article =)

    1. Coucou ! Effectivement, j’ai lu ton article avec beaucoup d’intérêt et je te rejoins sur pas mal de points. Je ne me suis jamais posée la question de la déclaration d’impôts (en même temps, vu le peu que je reçois…) mais ton analyse pose pas de question et ouvre de nombreuses portes, c’est intéressant de réfléchir sur cet envers du décor qui fait couler régulièrement de l’encre sans pour autant être très constructifs…
      Quand à l’impartialité, je n’y crois pas, et d’ailleurs, est-elle nécessaire ? En revanche, on peut prendre du recul, par-rapport à son passé de lecteur, à ses goûts, à plein de critères perso, mais c’est ce que j’essaie de faire pour l’ensemble de mes chroniques, pas uniquement les SP. La question se pose davantage lors de sponsors strictes, autrement les articles publicitaires rémunérés comme tels…
      Au plaisir d’en rediscuter. A bientôt 😉

  4. Hello !
    Je suis blogueuse littéraire depuis un peu plus de 7 ans et la première fois que j’ai été contactée pour recevoir un SP, j’étais sur les fesses, je ne savais même pas que ce genre de choses existaient. Il est vrai qu’au départ, quand on me proposait un livre, je regardais le résumé et si ça me tentait « un peu », j’acceptais. Je suis depuis devenue beaucoup plus sélective, d’une part parce que mes gouts ont un peu changés et d’autre part parce que sans me vanter ni rien, je suis énormément sollicitée. Pour l’instant je gère sans problème, j’en ai la capacité dans ma vie mais c’est clair que le jour où ça en vient à être trop, j’arrêterai tout ça (sans arrêter le blog qui est ma bouffée d’oxygène, à moins que je n’en trouve une autre 😀 )
    Après je choisis forcément des livres que je sais que je vais aimer (je ne suis pas maso) mais il m’arrive d’avoir des avis très négatifs, en restant à la fois correcte dans mes propos et en expliquant pourquoi (d’ailleurs j’explique aussi pourquoi j’aime et je n’ai que peu de coup de cœur)

    1. Bonjour Mylène,
      Je visite de temps en temps ton blog, découvert grâce aux coulisses du blog, et je suis toujours épatée de ton rythme de lecture que je serais bien incapable de tenir ! Curieusement, je ne choisis pas forcément que des livres que je vais aimer, enfin un peu, mais surtout, j’aime que ça m’interpelle, dans le choix éditorial, le format, ma curiosité prend vite le dessus 🙂 Il est loin d’être évident d’émettre des avis négatifs, même si j’avoue adorer les lire lorsqu’ils sont particulièrement bien ficelés. Ce sont les chroniques les plus difficiles à écrire, avec celles des bouquins coup de coeur, toute la difficulté de mettre des mots justes sur les sentiments, sans trop flatter ou blesser… un bel exercice de style en somme.

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