Sadako – de Kôji Suzuki

Kôji Suzuki m’avait donné quelques frayeurs lorsque j’avais découvert sa trilogie Ring. C’était il y a déjà une quinzaine d’années… (ou comment se prendre un coup de vieux d’un coup). Vous avez sans doute entendu parler de cette histoire de vidéo mystérieuse constituée d’un défilement d’images intrigantes, du coup de fil qui suit le visionnage et du décès des visionneurs dans les jours qui suivent. Le roman a été adapté en film, au Japon puis aux Etats-Unis (si l’américain n’est finalement pas si mal, il va sans dire que le japonais est beaucoup mieux…). Kôji Suzuki a également écrit un fabuleux recueil de nouvelles, Dark water, qui m’avait également fascinée à l’époque.

Kôji Suzuki s’empare de légendes, traditionnelles ou urbaines, et les impose à ses personnages dans un quotidien très réaliste, les faisant ainsi basculer dans une dimension fantastique éprouvante. Nous sommes à la lisière du réalisme et du fantastique. On peut parler de thriller fantastique, de policier terrifiant. Le sang ne gicle pas, nous sommes dans le domaine de la croyance, du superstitieux, de l’intangible, du doute. C’est thèmes ont toujours bien fonctionné chez moi, mais ça c’était avant, quoique.

Avant d’ouvrir Sadako, j’étais curieuse et interrogative. Kôji Suzuki allait-il toujours me correspondre. Son écriture et ses histoires n’allaient-elles pas me sembler bien naïves ? Après coup, je peux d’ores et déjà vous l’annoncer haut et fort, mon trouillomètre n’avait pas été si tourmenté en lisant un bouquin depuis bien longtemps !

« Les graines d’angoisse sont les seules à ne jamais risquer de s’épuiser. »

Takanori Andô, graphiste spécialisé dans l’analyse d’images, reçoit une vidéo amateur filmant un suicide en direct pour avis sur sa véracité. Au fil des visionnages successifs, Andô remarque que l’image se décale progressivement et découvre bientôt le visage de Seiji Kashiwada, serial killer condamné à mort récemment exécuté. Je n’en dis pas plus, si vous décidez de tenter l’expérience, vous serez suffisamment rapidement dans le bain.

Sadako est clairement la suite directe de la trilogie Ring, mais il peut tout à fait se lire  indépendamment puisque Koji Suzuki fait un bon briefing sur les événements passés. L’écriture est très fluide et Kôji Suzuki n’a manifestement pas perdu la main pour placer son histoire. On regrettera en revanche quelques longueurs, des redites et du déjà-vu par rapport aux autres romans, des répétitions dans le langage (s’agit de l’écriture en elle-même ou d’un défaut de traduction ?)… Et si en matière d’angoisse littéraire Ring et Dark Water se démarquent nettement, Sadako reste tout de même une bonne entracte efficace à frémir.

Sadako / Kôji Suzuki. Fleuve noir, 2014
(également paru en poche chez Pocket)

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