Sombre vallée – Thomas Willmann (10-18)

Un village perdu dans les Alpes bavaroises, courant 19è siècle. Greider, un peintre solitaire en quête d’inspiration, s’invite dans le coin pour la saison. Son accueil est long est sous conditions, et pour cause, la communauté formée au fil des ans au creux de la montagne est figée dans une apparente tranquillité, de celles qui s’effritent lorsque la machine s’enraye, avec une famille Brenner qui veille au grain de façon peu commode et très personnelle.

« Il lui sembla que rien ne pouvait mieux sceller l’accord entre ces gens et l’atmosphère de la vallée que l’absence de musique – ce refus d’utiliser la voix à d’autre fin que la parole, et encore parcimonieusement, refus d’employer son corps pour autre chose que le travail, et refus d’accorder à ses oreilles et au monde alentour d’autres bruits que ceux de la nature et d’un utile labeur. C’était véritablement une vie sans musique. »

Nous sommes entre le roman noir et le western montagneux, avec une atmosphère à la nature writing qui se resserre et s’alourdit au fil des pages où l’intrigue prend progressivement place. On peut ressentir une certaine lenteur au départ, tant l’auteur se plaît à poser minutieusement le décor, et puis on remonte dans le temps, par le biais de flashbacks, relatant des violences costaudes passées, et le présent s’accélère de lui-même.

« Peu de temps après, un bruit retentit dans la vallée, clair et limpide, mais redouté de tous : on sonnait le glas. »

Thomas Willmann plante le décor de façon très précise et tisse un environnement énigmatique, à la fois cotonneux et oppressant. Un polar allemand qui plaira assurément aux amateurs de littérature américaine, un roman prenant à ne pas laisser filer. 

Sombre vallée
Thomas Willmann
traduit par Pierre Deshusses
Belfond
2016
350 pages
paru en poche chez 10-18
Adapté au cinéma en 2014 par Andreas Prochaska