Sporting club – de Emmanuel Villin

Qui est ce personnage énigmatique mais néanmoins fascinant au point de vouloir en faire un livre ?  Comment un homme de cinéma d’une telle envergure peut-il se montrer si réticent à partager son regard ? Et pourquoi met-il tant de distance lorsque son accord est enfin donné ?

« C’est finalement malgré moi que j’étais devenu ce qu’on peut appeler un assez bon nageur. Non pas excellent – mon crawl souffrait de quelques approximations, bien que mon battement de jambes frise la perfection –, mais à vrai dire plutôt endurant. Bref, suffisamment doué pour passer une grande partie de mes journées dans le bassin olympique du Sporting Club à attendre que Camille m’appelle. »

Notre narrateur a la patience solide. Il attend. Il s’installe au Sporting Club – un genre de club privé avec piscine olympique à disposition – il nage un peu, prend place sur un transat, observe, réfléchit, rumine parfois, regarde passer les avions dans le ciel. Il attend, il guette un appel de Camille, veille à ne pas louper le rendez-vous fixé, s’applique à maintenir le désir d’écriture.

Nous sommes entre Paris et une capitale du Proche-Orient, jamais nommée pour ne pas trop se projeter, faire fi des préjugés, laisser voguer son imagination et se laisser surprendre par l’élégance d’une ville. Emmanuel Villin pense sa ville et son pays tels qu’ils ont pu l’être, avec de nombreuses références culturelles et urbaines, artistiques et architecturales, au strict opposé de l’image que l’on peut en avoir aujourd’hui. Il y a un petit côté désuet, un air nostalgique dans tout ça, de la mélancolie.

Il est aussi très contemplatif ce roman. Sans doute un peu trop à mon goût. L’auteur évoque Modiano et les éditions de Minuit, ce qui éclaire sans doute la raison de ce rendez-vous manqué. Mais il manque de la rocaille. Il pourrait être assez étonnant de le voir figurer au catalogue d’Asphalte, et finalement, pas tant que ça, car Emmanuel Villin sait raconter, broder ses mots et instaurer une ambiance, partager son regard, car il s’agit bel et bien d’un portrait citadin, tel que les éditrices de chez Asphalte ont à cœur de partager pour nous montrer d’autres visages du monde.

Un roman élégant et contemplatif, mélancolique, que les amateurs du genre dégusteront avec avidité.

Sporting club / Emmanuel Villin. Editions Asphalte, rentrée littéraire 2016
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 Merci aux éditions Asphalte pour cette lecture.

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