D’abord réticente, Grace se résout finalement à répondre favorablement à leur offre, se rendant bien compte que la situation s’aggrave avec l’arrivée de l’hiver. Elle accepte donc de travailler pour les Unwin, en négociant du même coup l’embauche de sa soeur. Ils proposent de suite de la former comme domestique. Pour les Unwin, cet intérêt soudain pour Lily n’est bien sûr pas pure générosité mais plutôt vil intéressement. Ce qui n’était au départ qu’une simple embauche deviendra très vite une course à l’héritage.
Mary Hooper nous embarque dans un Londres fin 19è à la manière de Dickens, d’ailleurs régulièrement cité dans le roman, et qui fera même une petite apparition en « guest ». Elle replace l’environnement, les moeurs de l’époque, la reine Victoria, l’extrême pauvreté, le clivage entre fortunés et miséreux. La fin est peut être attendue et sans grande surprise mais cela ne gache en rien le plaisir de lecture, soutenu par une écriture fluide et une utilisation du contexte bien maîtrisée.
Un roman assez original pour le public ado visé. L’histoire se tient parfaitement, bien pensée et bien menée et l’intérêt de l’auteure pour cette période victorienne est évidente. Petit plus appréciable, les annexes en fin d’ouvrage qui détaillent certains points historiques et sociaux de l’époque.
Si ce livre est sans doute un peu léger pour des lecteurs assidus de Dickens, Hugo et consort (quoique), il sera tout à fait appréciable pour des non-spécialistes du genre.
Nous y retrouvons tous les ingrédients du roman victorien typique entre orphelins, jeunes gens de bonne famille, prêteurs sur gage véreux et obscur brouillard londonien.
Pour ma part, voici le coup de coeur de ce début d’année.
« Serrant contre elle son précieux fardeau, Grâce trouva sans grande difficulté l’entrée de la gare. L’express funéraire disposait, exactement comme l’avait dit Mrs Smith, la sage-femme, de sa propre ligne reliant la gare de Waterloo au cimetière de Brookwood, situé dans le comté du Surrey. Et c’est là, dans la gare de Londres, que se rassemblèrent, juste avant onze heures, les familles des défunts en tenue de grand deuil. Les quelques femmes en mesure de supporter nerveusement la cérémonie portaient un voile épais, et leurs robes de crêpe noir n’étaient égayées par aucun bijou scintillant, boutons ou ornements fantaisie ; les hommes, en chapeau haut de forme bordé de crêpe, portaient une redingote de cérémonie et une cravate de bombasin. Tous attendaient le train qui les emmènerait, eux et leurs proches, à la campagne, dans le grand jardin du sommeil éternel, à Brookwood. Là-bas, loin de la crasse et du brouillard londoniens, leurs chers disparus reposeraient en paix au milieu des pins, des roses et des chênes verts. »
Les couv’ de la maison d’édition me font peur…
C’est vrai qu’ils ont une ligne graphique assez particulière… Mais leurs textes sont chouettes. Bientôt sur le blog, « Monsieur », un album sur la cohabitation entre un chat et ses maîtres… tu vas voir, c’est tellement vrai… http://www.editionsdesgrandespersonnes.com/nouveauteesalbums.php?id=41
Mais pour ce roman, en tout cas, je te le recommande très très très fortement ;))
Ah j’ai « Monsieur » à la média, pas lu encore!
Je regarde ça mardi! 🙂