Lorsqu’en 1949 Orwell assistait à la publication de son roman 1984, aurait-il pu imaginer que le monde y trouverait toujours autant d’écho 70 ans plus tard ? Féru de dystopies, l’illustrateur brésilien Fido Nesti, en relevant des résonances flagrantes avec l’actualité de son pays, ne pouvait à l’évidence pas passer à côté de l’adaptation de cette oeuvre majeure qui n’a décidément pas bougé.
Par un graphisme froid aux tons gris et blancs, nous prenons place aux côtés de Winston Smith, cet homme chargé de réécrire continuellement l’Histoire dans l’imaginaire d’Orwell. L’atmosphère est d’entrée anxiogène, car Winston doute, et décide de consigner ses pensées à l’abri des regards du télécran, et progressivement prend le parti de sortir des clous, de reprendre la main sur des libertés même pas classées au rang de souvenirs.
Flicage total, manipulation sans vergogne, appauvrissement de la langue, des mesures de contrôle absolu qui, sous couvert de simplicité, rayent de la carte les nuances nécessaires aux réflexions de l’esprit critique. Winston et Julia, figure féminine emblématique, s’uniront, par amour, par défi et par refus de se laisser déposséder de leur existence, en sachant pertinemment que ça ne pourra pas durer, et pourtant.
Des pointes de rouge interviennent au gré des cases, comme une alarme qui veille, latente, menaçante. Ici le pouvoir bien assis et sans limite n’est plus un fantasme, une poignée de dirigeants a trouvé le moyen de duper totalement son monde, d’asservir suffisamment les masses pour que les mensonges et manipulations passent crème, ou presque.
Georges Orwell avait puisé dans les régimes totalitaires de l’époque en URSS et en Allemagne, y calant son imagination dystopique pour projeter la Grande-Bretagne sous l’emprise d’un Parti, pointant l’équilibre fragile des libertés individuelles et de la pensée critique.
Fido Nesti se glisse ici dans les mots et l’esprit du maître et livre une BD assez dense, très proche du roman originel. Une adaptation idéale pour se replonger dans l’univers orwellien ou le découvrir, pour continuer à réfléchir, méditer, s’interroger, on peut toujours rêver.
1984
Georges Orwell
adapté par Fido Nesti
Grasset
2020
223 pages
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Prochain rdv fin février et nous parlerons d’amouuuur…
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J’ai trouvé l’adaptation très fidèle, mais côté dessins j’aurais préféré lire la version que présente Moka aujourd’hui. En tout cas c’est une belle opportunité de (re)lire cette œuvre majeure.
c’est bien de pouvoir comparer différentes versions cette semaine! Je vais retenir celle de Moka plutôt!
Je ne crois pas que je commencerai par cette version si je devais choisir…
Je crois que je vais déjà commencer par l’adaptation présentée par Moka !
Je penche aussi plus pour l’adaptation de Coste, j’avais beaucoup aimé ce roman à l’époque, il m’avait marquée !
Je suis Coste. Mais je lirai évidemment cette lecture de Nesti.
Je n’ai aucune des bd de 1984 qui vient de sortir mais je jetterai mon dévolu sur l’adaptation de Coste.