BD édifiante sur le scandale des algues vertes qui jonchent les cotes bretonnes, preuve supplémentaire (certains sont durs de la feuille) que l’industrialisation à outrance et l’élevage de masse qui en découle ne sont qu’un leurre, tout juste bons à nous faire aller dans le mur.
La journaliste et documentariste Inès Léraud a un jour décidé de mettre le nez dans ces verdures peu banales, qui ont la particularité de passer incognito jusqu’à ce qu’on mette les pieds dedans, que l’on soit saisi par une terrible odeur d’oeuf pourri (sulfure d’hydrogène), au risque de rester sur le carreau si l’on ne réagit pas vite, la langue pendante et le coeur à l’arrêt.
Inès Léraud a ainsi remonté le fil, depuis l’après-guerre avec la mise en place de nouveaux modes de production calés sur les modèles américains qui ont vite pris du galon dans des contrées jusque là plutôt tranquilles. Bilan, on pousse et on gonfle les cultures et les élevages, toute l’agriculture et l’industrie sont touchées par ces nouveaux modes opératoires dont il est difficile de s’extraire. Les pesticides vont bon train, le nombre de bestiaux explose, leurs déjections aussi, ce qui, à force, gonfle les taux de nitrates dans les sols et forment sur les cotes des nappes d’algues vertes. De la verdure certes mais qui s’avère hyper toxique, et qui pourrait rester anecdotiques et seulement peu ragoûtante s’il n’y avait pas des macchabées à la clé.
Cette BD replace les contextes et les points de vue, des médecins, scientifiques, écologistes, lanceurs d’alertes, industriels, politiques, et témoigne de l’absurdité de la situation, avec des rapports de causalité déboutés au nom du tourisme et du compte en banque, sans rire.
L’enquête est très fouillée, minutieuse, précise, dans le jus des articles que l’on trouve dans l’excellente Revue dessinée (si vous ne connaissez pas, vraiment, je vous la recommande), qui explore parfaitement notre monde, et ici fait particulièrement froid dans le dos.
Au dessin, Pierre Van Hove suit le mouvement et renforce le témoignage, avec une atmosphère bleutée verdâtre à la fois réaliste et immersive.
Une BD qui fait pâlir, et à faire circuler absolument. Un documentaire qui en dit long sur les rouages politiques et financiers, les fossés qui se creusent au nom d’intérêts peu glorieux. Un épiphénomène certes, qui permet de cerner également de façon plus globale des sujets tels que l’industrie agro-alimentaire ou le malaise du corps agricole.
Indispensable !
Algues vertes
L’histoire interdite
Inès Léraud & Pierre Van Hove
La Revue Dessinée / Delcourt
2019
157 pages
Cette semaine, rendez-vous est pris chez Noukette
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Je ne doute pas que cette BD soit indispensable sur le sujet, notée !
Déjà notée, mais merci d’en remettre une couche.
Indispensable en effet, un coup de cœur pour moi
Les BD documentaires sont très utiles !
Je suis de plus en plus fan des BD documentaires, tu penses bien que je m’empresse de le noter cet album !
C’est intéressant les BD documentaires pour s’informer d’une manière parfois plus accessible qu’un essai ardu… 😉
Cette BD doit faire froid dans le dos. Je n’ai pas trop l’habitude des BD documentaires mais, je note, ça doit être vraiment intéressant.
Je note la référence de ce livre. J’ai découvert les BD docu et reportages il y a un moment, je suis une inconditionnelle du genre
Très intéressée par cette lecture dont j’entends beaucoup parler.
tout comme Moka n m’en parle beaucoup et j’ai très envie de la lire. Et puis le sujet m’est tellement sensible qu’elle finira dans mes mains
ce que tu en dis intrigue mais je ne suis pas fan du dessin…
Je ne sais plus qui en avait parlé lors de ce rdv.. je l’avais déjà notée. Ce sujet est brûlant;..
Au delà de la qualité de la BD, à lire absolument, ne serait-ce que pour comprendre la puissance des lobbies en France.
Je ne trippe pas sur le dessin, mais je n’en ai lu que du bien… I’ll see.
Je finirai par la lire, c’est évident
Enfin lue… J’en reste baba !
C’est fou hein ?!?