Comment définissons-nous notre « chez-soi » ? A partir des comportements animaliers, de leurs façons de composer leur chez-eux, leur habitat, leur périmètre de vie, leur territoire, Vinciane Despret interroge cette notion pas si évidente à définir. S’agit-il de notre maison, de notre quartier, de notre pays, de notre entourage ou de notre enveloppe corporelle ?
Avec des exemples précis, elle confronte les habitudes animales et fait le lien avec nos propres pratiques. Elle ouvre ainsi de nombreux tiroirs, évoquant l’identité, le rapport à la nature, la cohabitation, la reconnaissance, intégrant l’ensemble de la chaîne, animaux, plantes, enfants, comme autant de pièces d’un même puzzle.
« Ce sont à présent les saumons qui veulent mettre leur grain de sel – comme pour nous donner raison au sujet de cette discussion qui n’en finit pas. « Le chez-soi », pour nous, c’est tout autre chose. Nous, notre « chez-soi », nous ne le retrouvons que très tard dans notre vie. « Chez moi », ce n’est pas l’endroit où nous pouvons nous cacher, c’est d’abord l’endroit que nous devons retrouver. Pour un saumon, parler de son « chez-soi », c’est raconter une aventure. »
Une réflexion très intéressante enrichissante, où l’on apprend des tas de choses sur les comportements animaliers et plus largement sur nous-même. Vinciane Despret est philosophe et éthologue (ça peut faire mal au crâne dit comme ça), elle pioche ainsi dans les deux registres et trouve la juste combinaison pour livrer un essai sensible et instructif.
La mise en page est audacieuse, bouscule les codes, avec un texte court et écrit gros, les animaux s’invitent de façon très graphiques, les fourmis s’insinuent entre les lignes comme dans la conversation.
Ce texte a été écrit à destination des enfants, à l’occasion de la réouverture d’un parc botanique en Bretagne, mais il peut (doit) être lu par tous, et à voix haute pour encore plus de saveur, à la manière d’un conte écologique, même si s’en est pas un, il en a l’universalité.
Le chez-soi des animaux / Vinciane Despret. Actes sud (Ecole du Domaine du possible), 2017
ça m’intrigue !! Et ça à l’air plutôt drôle…