Samuel Anderson n’est pas ce que l’on peut appeler quelqu’un de très ouvert sur le monde, en tout cas pas totalement ancré dans le réel. Professeur d’université le jour, le reste de son temps est quasiment consacré à un jeu vidéo en ligne dans lequel il accumule les quêtes et les récompenses. A tel point qu’il passe à côté du dernier événement qui défraie la chronique, le jeté de cailloux en direction du gouverneur Packer, candidat à la Présidentielle. L’agresseur s’avère être sa mère, qui a quitté la maison quand il avait 11 ans. Contacté par l’avocat pour la soutenir, son éditeur le tanne pour qu’il écrive un livre dessus, lui pense davantage à en profiter pour régler ses comptes.
Nathan Hill signe ici un premier roman très ambitieux, un pavé de 700 pages dans lequel il conjugue drame familial et fresque américaine. Il retrace ainsi l’histoire du pays de 68 à nos jours, avec toutes les promesses et désillusions inhérentes, le vent de révolte contre la guerre du Vietnam, et plus largement la politique et ses jeux de pouvoirs.
« Car en ne voyant les gens que comme des ennemis, des obstacles ou des pièges, on ne baisse jamais les armes ni devant les autres ni devant soi. Alors qu’en choisissant de voir les autres comme des énigmes, de se voir soi comme une énigme, on s’expose à un émerveillement constant : en creusant, en regardant au-delà des apparences, on trouve toujours quelque chose de familier. »
L’humain est en même temps absolument central, avec une grande précision dans les rapports les uns aux autres et dans leur histoire personnelle, tout cela nourri par l’alternance du passé et du présent.
On ressent bien quelques longueurs, car beaucoup de choses sont dites, beaucoup de descriptions, d’observations, mais qui se lisent très bien, sont intéressantes et servies par une écriture très fluide.
J’attendais tout de même un peu autre chose (j’attendais trop sans doute), je ne me suis pas tellement attachée aux personnages, et j’ai finalement été davantage emportée par l’histoire américaine. Pas évident de se lancer dans un roman fleuve pour un premier roman. Nathan Hill a peut-être voulu en faire trop, trop vite. Il n’en reste pas moins un écrivain à découvrir et à retenir, il se pourrait bien qu’il nous ravisse de quelques pépites dans quelques années.
Les fantômes du vieux pays / Nathan Hill. Gallimard (Du monde entier), rentrée littéraire 2017
Je l’ai lu aussi et je suis d’accord sur les longueur et tout ça m’a paru assez froid , assez mécanique, mais en effet pas inintéressant.
Froid et mécanique, je te rejoins complètement.