Excellent comics ambiance polar social, plages californiennes, poisse et crime crapuleux.
Venice Beach. Derrière la carte postale, la plage, les boutiques chicos et les coins pour faire de la gonflette, les sans-abris et marginaux ont également pris leurs quartiers, et s’ils font partie du folklore local, ils restent un peu trop gênants et visibles pour ceux qui travaillent à la gentrification du coin, coup de ménage et programmes immobiliers à la clé.
C’est dans ce contexte que l’on rencontre Eddie, SDF qui passe ses journées entre la bibliothèque municipale, les quelques endroits où il crèche, les bières échangées avec une poignée d’amis, et les vapeurs d’alcool qui gomment un peu ses regrets. Lorsqu’il découvre le cadavre d’une jeune fugueuse, il décide de mener l’enquête sur cette affaire qui n’émeut pas grand monde. Il va discrètement et efficacement mettre le nez dans des rouages musclés qui conjuguent trafics, prostitution, chantage, jeux de pouvoirs et dollars à la pelle.
Nous sommes dans du polar social bien noir, qui donne à voir les laissés-pour-compte dans leur jus, sans misérabilisme ni romantisme. En cela Dysart et Ponticelli la jouent fine en brossant une atmosphère et un contexte de manière remarquable et durable, comme pièce maîtresse d’un récit palpitant et saisissant qui en dit long sur ce qui se trame dans ce coin de plage. Cette BD ne pouvait d’ailleurs pas mieux tomber puisque depuis un an, pandémie oblige, les règlementations ont évoluées, et les sans-abris n’ayant plus forcément de solutions de replis dans les centres d’hébergements, ont l’autorisation de squatter la plage avec leurs tentes, ce qui n’en finit pas de faire grincer les dents. Pour en savoir plus à ce sujet, jetez donc un oeil ici ou là.
Les portraits sont bien campés et touchants, et l’on est en totale immersion entre le soleil qui cogne, la bière qui coule et colle, et un contexte social en toile de fond qui pointe le mal-logement, la misère aux coins de rue, une couverture sociale qui laisse à désirer, une politique qui écrase plutôt que solutionne.
Graphiquement c’est assez impressionnant aussi avec un dessin qui conjugue action et errances, vues d’ensemble et plans resserrés autour des personnages, des teintes et un sens du détail qui restituent la poisse ambiante, à tout point de vue.
Alors on trempe dans du bien pourri mais on croise aussi beaucoup d’humanité. Dysart et Ponticelli visent juste, entre enquête et chronique sociale, fiction et réalité, brossant tout autant les désirs et désordres qui tiennent et ébranlent cet anti-héros juste parfait.
Goodnight Paradise
scénario Joshua Dysart
illustrations Alberto Ponticelli
couleurs Giulia Brusco
traduction Laurence Bélingard
2021
176 pages
Cette semaine, rendez-vous est pris chez Noukette
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Cela me changerait de mes lectures habituelles !
ça a l’air bien fait!
Le sujet m’intéresse et les planches que tu montres me scotchent par leur réalisme. Je note pour voir si je le croise en médiathèque. Merci !
Je n’aime pas du tout ce dessin ambiance comics, mais ce que tu dis du scénario me tente vraiment. Je suis assez fan du polar social et cela me changerait un peu de mes dernières lectures.
trop sombre pour moi, je passe.
Je ne connaissais pas du tout cette maison d’édition. Les dessins claquent !
Les dessins ne m’attirent pas mais l’histoire semble très intéressante !
Le scénario me tente bien, mais je suis un peu freinée par le dessin… La couv’ ne laisse pas présager un tel contenu en tout cas !
Waouh, il me tente énormément ! Merci pour cette découverte !