Anna et ses deux frères se retrouvent dans la maison des parents après leur décès. Dans le jardin, ils renouent avec le jeu du loup qui a marqué leur jeunesse. Un jeu insidieux et pervers, dont les règles se dévoilent par bribes, jamais totalement franches. Le poids des non-dits, du secret, de la culpabilité, le temps qui a passé et la mémoire qui a fait son chemin.
« Dans le jardin comme dans la maison, des choses reviennent qui mordent l’esprit, s’accrochent et ne veulent plus desserrer la gueule. »
Un roman très troublant, par son sujet et dans sa construction, parsemé de phrases enfantines, le jeu du loup omniprésent, des phrases légères qui prennent une teinte dramatique ; l’ambiance devient lourde et pressante.
Le texte est vu par Frédéric Khodja, avec un mélange de photo, collages, dessins, il représente des détails qui ponctuent le récit et prolongent le malaise. Un roman qui se lit d’une traite malgré l’ambiance sombre et pesante. La construction du texte avec notamment l’absence de chapitre, de respiration potentielle, et la voix d’enfant qui résonne à l’oreille, un ensemble bien pensé qui aspire le lecteur qui se retrouve pendant un temps dans une bulle, avec Anna et ses frères, dans le jardin d’une maison en sommeil.
La fille aux loups / Eric Pessan, vu par Frédéric Khodja. Les éditions du Chemin de Fer, 2014
Les Editions du Chemin de Fer sont absolument remarquables, proposant à la fois des textes profonds, marquants, novateurs, triturant les marges pour rendre les textes encore plus grands. Le travail graphique est également très soigné, chaque texte étant confié à un artiste pour qu’il en livre sa vision. Le rapport texte image est donc très singulier puisqu’il ne s’agit pas d’illustrer un texte pour la forme mais d’un véritable regard complémentaire. La finalité est juste parfaite avec des maquettes aux petits oignons mettant en lumière à la fois l’écrivain et l’artiste.