La lettre à Helga – de Bergsvenn Bigisson

Pas le temps de tout chroniquer, alors en 3 mots (ou presque)…

« Ce qui me maintenait debout, c’étaient les bêtes et je peux affirmer, ma Belle, que celui qui s’est lié aux moutons islandais d’amitié intime, quelle qu’en soit la nature, ne sera jamais seul. »

Un homme de 90 ans écrit une lettre à son amour de jeunesse, décrivant un amour intact, les souvenirs d’un désir encore brûlant, et le regret de ne pas avoir trouvé la force de tout plaquer pour vivre cette passion au grand jour. En toile de fond, un portrait de la paysannerie islandaise au début du vingtième siècle.

C’est sensuel, rural, passionné, touchant. Une belle parenthèse qui se lit d’une traite (130 pages).

« Ah, je suis devenu un vieillard impossible qui prend plaisir à raviver de vieilles plaies. Mais on a tous une porte de sortie. Et nous aspirons tous à lâcher notre moi intérieur au grand air. Mon issue de secours à moi, c’est la vieille porte de la bergerie de feu mon père, celle que le soleil traverse par les fentes, en longs et fins rayons entre les planches disjointes. Si la vie est quelque part, ce doit être dans les fentes. Et ma porte à moi est désormais tellement faussée, branlante et déglinguée qu’elle ne sépare plus vraiment l’intérieur de l’extérieur. Devrais-je mettre au crédit du charpentier ce travail bâclé ? Car toutes ces lézardes, ces interstices, laissent passer le soleil de la vie. »

La lettre à Helga / Bergsvenn Bigisson. Zulma, 2013
(paru en poche chez Points)

 

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