Premier roman coup de poing qui me réconcilierait presque avec l’autofiction ! Du tâtonnement d’une jeune fille qui se sent plus mec qu’autre chose, qui se sent aimer les femmes sans pour autant plier devant l’évidence, qui puise sa force dans l’islam qui pourtant ne tolère pas sa condition.
« Je m’appelle Fatima Daas. Je suis la mazoziya, la petite dernière. Celle a laquelle on ne s’est pas préparé. Française d’origine algérienne. Musulmane pratiquante. Clichoise qui passe plus de trois heures par jour dans les transports. Une touriste. Une banlieusarde qui observe les comportements parisiens. Je suis une menteuse, une pécheresse. Adolescente, je suis une élève instable. Adulte, je suis hyper inadaptée. J’écris des histoires pour éviter de vivre la mienne. J’ai fait quatre ans de thérapie. C’est ma plus longue relation. L’amour, c’était tabou à la maison, les marques de tendresse, la sexualité aussi. Je me croyais poly-amoureuse. Lorsque Nina a débarqué dans ma vie, je ne savais plus du tout ce dont j’avais besoin et ce qu’il me manquait. Je m’appelle Fatima Daas. Je ne sais pas si je porte bien mon prénom. »
La petite dernière reprend la vie d’une fille d’émigrés algériens en banlieue parisienne, qui se cogne aux cadres qui ne lui correspondent pas. Le mouton qui revient trop souvent dans l’assiette alors que la viande de façon générale ne l’enchante guère, les regards hétéronormés alors qu’elle-même se sent attirée par ses semblables. Fatima Daas met les pieds dans le plat, convoque la religion, en laquelle elle croit et se soumet. Elle réfléchit la famille, qui se dessine comme socle autant que comme figure destructrice. Elle ne se fait pas de cadeau, verbalisant ses reniements, sa violence latente, ses choix confrontés à ses croyances. C’est précisément sur ces noeuds que Fatima Daas met le doigt, dans un monologue presque incantatoire, qui jaillit comme un souffle, que l’on pourrait situer, à la volée, entre Edouard Louis et Casey.
« J’ai longtemps pensé que les choses se ressentent plus qu’elles ne se montrent.
Des restes de mon éducation : montrer par petites touches mais ne jamais dire. »
La petite dernière
Fatima Daas
Editions Noir sur Blanc / Notabilia
Rentrée littéraire 2020
155 pages
C’est un des titres de rentrée qui m’attend sur ma PAL et il me tarde de le lire quand je vois l’enthousiasme qu’il suscite.
Hâte de lire ton avis !
Je vais me l’acheter, c’est de plus en plus certain