Toute nouvelle revue semestrielle, Le chant du monstre revendique l’hybridation, bousculant les genres littéraires et graphiques.
Le monstre ne veut pas d’un monde littéraire unique. Il puise sa force dans le mélange des genres, leur rencontre, leur confrontation.
Sa forme mérite d’entrée un coup de chapeau, la rédaction osant un format peu conventionnel. Un bel objet tout en hauteur (15 x 29 cm), qui suscite curiosité et interrogations à son feuilletage. Une mise en page qui donne la part belle au jeu typographique, qui se joue d’une présentation conventionnelle pour unir le graphisme à la littérature.
Les éditions Monsieur Toussaint Louverture ouvrent le bal, avec son fondateur Dominique Bordes, qui expose bien plus qu’une simple présentation, évoquant son métier d’éditeur, les choix, les rencontres, et cette nécessité presque absolue de défendre certains auteurs, comme Robert Benchley, Frederick Exley ou encore Russel Hoban, dont nous découvrons de long extraits.
La rubrique Alchimie propose ensuite deux collaborations. Géants avec Donatien Garnier (poète) et Guillaume Bullat (graphiste), et Ce sera suffisant avec Thomas Vinau (poète) et Emilie Alenda (dessinatrice). Des rencontres marquées par l’hybridation si chère au Chant du monstre.
Autre rubrique, Seul contre tous, où un invité du monde du livre a pour objectif de « donner un coup de pied dans la fourmilière » en démontant idées reçues et fausses évidence.
Pour l’occasion, Fabrice Colin ne met à table avec Ne m’invite pas à déjeuner David, en posant la question du « bon » livre, et s’interrogeant sur la crédibilité de David Foenkinos face à Guillaume Musso. C’est tout à fait jubilatoire.
Dans Ex-qui ?, nous partons à la rencontre d’auteurs morts pour leur redonner la parole face aux vivants, et faire rejaillir leurs textes. Un bon prétexte pour faire renaître de ses cendres la révoltée Kathy Acker.
Le Chant du monstre se devait d’avoir son Cabinet de curiosités. Entre animal, végétal et minéral, nous entrons dans les univers expérimentaux de Pierre Senges, Killofer et Frédéric Noël.
Pour clôturer le tout, un texte de Pierre Terzian, A manger pour les cailloux, qui prend place dans la rubrique Parce que !, créée sur mesure par l’équipe du Chant du Monstre, pour des textes « qui s’imposent d’eux-mêmes ».
Le pari du Chant du monstre est largement relevé. Nous tenons là un O.L.N.I., Objet littéraire non identifié. Une revue haut de gamme, exigeante et militante, qui donne la part belle à ce qui se passe hors des sentiers battus. Parfois un brin élitiste, mais la curiosité a toujours le dessus.
Un grand merci aux éditions Intervalles et à Babelio pour cette lecture surprenante et cette découverte.
Lu dans le cadre de l’opération Masse critique organisée par le site Babelio.
Plus d’infos : http://lechantdumonstre.wordpress.com/
Le chant du Monstre. Revue semestrielle. N°1 – novembre 2012. Editions Intervalles.