En 2015, les éditions Alexandrines inauguraient leur collection Le Paris des écrivains avec Marguerite Duras et Jean Cocteau, faisant se rejoindre littérature et flâneries, biographie et territoire. Car les lieux importent autant que les rencontres dans une vie, et que Paris, en tant que capitale, carrefour artistique et culturel et lieu de perdition, est souvent revendiquée comme source d’inspirations multiples, qu’il s’agisse de rencontres, d’endroits, d’atmosphère, la ville s’avère en tout cas marquante.
Ici nous allons à la rencontre de Guillaume Apollinaire, aux côtés de Franck Balandier, qui se plaît tellement à sillonner la vie de l’écrivain qu’il en a déjà fait un roman, Apo, paru chez Le castor astral en 2018 également. Nous le retrouvons donc dans un registre plus biographique, bien que sa plume littéraire et gouailleuse nous fasse littéralement voyager dans les rues du Paris début 20e siècle.
« C’est en février 1905 qu’il faut situer la rencontre d’Apollinaire avec le peintre Picasso. Et c’est encore du côté de Saint-Lazare qu’elle eut lieu. Jean Mollet, qui se fait à présent appeler « Sa magnificience le baron Mollet », ça sonne plus chic et plus sérieux, surtout quand on ne se prend pas au sérieux, se fait, une fois de plus, l’entremetteur de cette rencontre au sommet.
Comme à son habitude, Apollinaire est attablé à l’Austin’s, rue d’Amsterdam, et sirote une bière anglaise. Il attend son ami qui lui a confié vouloir lui présenter quelqu’un. Quelqu’un avec qui il va falloir compter dans le domaine de la peinture et de la sculpture, dans les années qui viennent. Manolo, lui rapporte-t-il, le sculpteur catalan, le lui a présenté au Lapin agile.
Mollet est convaincu qu’entre les deux hommes le courant va passer et il ne se trompe pas. Du moins au début de leur relation. »
Nous y entrons aux côtés de la famille Kostrowitzky en 1899 alors que Guillaume étrenne tout juste ses 18 ans. Des années de misère, auxquelles succèdent des rencontres chères entre Montmartre et Montparnasse et celles qui laisseront un goût amer, les traces de la Grande Guerre, la grippe espagnole et le dernier domicile de l’écrivain au Père Lachaise.
C’est ainsi une biographie sélective de Guillaume Apollinaire que l’on découvre, par une fenêtre parisienne très riche qui s’avère aussi passionnante pour le curieux de passage que pour l’initié.
Le Paris d’Apollinaire
Franck Balandier
Editions Alexandrines
collection Le Paris des Ecrivains
2018
117 pages