Billy le menteur – de Keith Waterhouse (Editions du Typhon)

Dans une petite ville du Yorkshire, Billy Fisher ment à ne plus savoir comment il s’appelle. Jeune homme plein de contradictions, qui aime être pénard tout en se mettant dans des situations inextricables, plein de projets et d’envies tout en faisant preuve d’une incroyable force d’inertie, il incarne une époque sans le savoir, portant beaucoup plus de symboles qu’il ne pourrait l’imaginer.

« Vois-tu, mon garçon, l’ennui avec toi c’est que tu es comment dire… introspectif ? Tu es comme un enfant au bord d’un bassin. Tu voudrais bien y aller, mais tu n’en finis pas de te demander si l’eau est froide, si tu ne vas pas te noyer, et ce que ta mère dira si tu as les pieds mouillés… »

Deuxième titre publié par les alléchantes Editions du Typhon, dans leur collection Après la tempête, qui rééditent des classiques de la littérature anglaise, notamment du mouvement des Jeunes hommes en colère des années 50, qui décrivaient une jeunesse rejetant les conventions, avide d’affranchissement et d’émancipation, tout en ne sachant finalement pas bien quoi faire de cette liberté revendiquée.

« Traversant la salle en chancelant, j’essayais de me rappeler combien de fois j’avais fait ce spectacle autrefois ; sachant que chaque occasion deviendrait rétrospectivement une source distincte, abondante de cruel embarras. Quelques femmes me regardèrent au passage avec une sorte de détachement compatissant. Elles m’avaient déjà regardé de cette façon mais je ne m’étais jamais rendu compte que c’était parce qu’elles connaissaient des choses que j’ignorais, parce qu’elles étaient engagées dans des problèmes de base dont je ne savais pas le premier mot. »

Alors que Charles Lumley (Hurry on down, John Wain) organisait sa contre-action avec des choix symboliques, Billy apparaît à première vue davantage dans la fuite, le tâtonnement et le non-choix, observateur des réactions qu’il suscite, à l’affût d’un signe qu’il pourrait saisir. Par la force des choses, les péripéties se succèdent, et l’on s’attache à cet anti-héros dont on rit beaucoup (à ses dépends) et qui a d’ailleurs inspiré pas mal de monde, notamment au théâtre et au cinéma.

Du pur british working-class qu’il fait plaisir de pouvoir redécouvrir aujourd’hui, un texte qui reste en tête, imprègne et marque. La force des classiques.

Billy le menteur
Keith Waterhouse
Editions du Typhon
2019
239 pages

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